Le Dhamma de la Forêt


Le Dhammapada

   

Nouvelle traduction par Jeanne Schut
extrait de "Les Plus Belles Paroles de Bouddha", publié aux Editions SULLY.

http://www.dhammadelaforet.org/


I. Versets sur les paires d’opposés

Yamaka-vagga


   1 – 2
Tous les phénomènes qui se manifestent à nous
Naissent dans notre cœur et dans notre esprit ;
Ils sont dirigés par le cœur et l’esprit,
Ils sont fabriqués par le cœur et l’esprit.
Si nous parlons ou agissons
Avec un cœur et un esprit obscurcis
La souffrance s’ensuivra
Aussi sûrement que la roue du chariot
Suit la trace des sabots du bœuf qui le tire.

Tous les phénomènes qui se manifestent à nous
Naissent dans notre cœur et dans notre esprit ;
Ils sont dirigés par le cœur et l’esprit, 
Ils sont fabriqués par le cœur et l’esprit.
Si nous parlons ou agissons
Avec un cœur et un esprit paisibles et lumineux,
Le bonheur s’ensuivra
Aussi sûrement que notre ombre
Qui jamais ne nous quitte.


   3 - 6
« On m’a insulté, on m’a frappé ! »
« On m’a battu, on m’a volé ! »
Ceux qui entretiennent de telles pensées
Ne mettront jamais fin à l’hostilité.

« On m’a insulté, on m’a frappé ! »
« On m’a battu, on m’a volé ! »
Ceux qui n’entretiennent pas de telles pensées
Verront l’hostilité s’apaiser.

Jamais les rancœurs ne seront apaisées par l’hostilité.
Ce n’est qu’en s’abstenant de toute hostilité
Que les rancœurs seront apaisées.
Telle est la loi de toute éternité.

Certains semblent oublier
Que nous devons mourir un jour.
Ceux qui en sont conscients
Abandonnent toute querelle pour toujours.


   7 – 8
Celui qui ne s’intéresse
Qu’à ce qui est beau et agréable aux sens,
Qui ne sait pas se modérer en matière de nourriture,
Qui est amorphe et sans énergie :
Celui-là sera anéanti par Māra
Aussi sûrement qu’un arbre chétif
Est emporté par le vent.

Celui qui est conscient que les choses sont périssables,
Qui sait modérer ses sens et sa nourriture,
Qui est confiant et plein d’énergie :
Celui-là ne sera pas anéanti par Māra,
Pas plus qu’une montagne rocheuse
Ne peut être emportée par le vent.


   9 – 10
Celui qui porte la robe orange du moine
Tout en étant immoral, indigne de confiance
Et dépourvu de toute maîtrise de soi,
Celui-là ne mérite pas de porter la robe orange du moine.

Mais celui qui a abandonné toute immoralité,
Qui est digne de confiance,
Qui se maîtrise et suit les Préceptes,
Celui-là mérite vraiment de porter la robe orange du moine.


   11 – 12
Ceux qui considèrent le non-essentiel comme essentiel
Et l’essentiel comme non-essentiel,
Se fourvoient dans des pensées erronées
Et n’atteignent pas l’essentiel.

Ceux qui reconnaissent l’essentiel comme essentiel
Et le non-essentiel comme non-essentiel,
Demeurent dans une réflexion juste
Et atteignent l’essentiel.


  13 – 14
De même que la pluie s’infiltre
Dans un toit de chaume mal attaché,
Les passions s’infiltrent
Dans un cœur et un esprit non entraînés.

De même que la pluie ne peut s’infiltrer
Dans un toit de chaume bien attaché,
Les passions ne peuvent s’infiltrer
Dans un cœur et un esprit bien entraîné.


   15 – 16
Quand il prend conscience de la laideur de ses actes,
Celui qui a mal agi
Se désole et s’afflige,
Dans ce monde comme dans l’autre.

Quand il prend conscience de la beauté de ses actes,
Celui qui a bien agi
Se réjouit et exulte,
Dans ce monde comme dans l’autre.


   17 – 18
Celui qui a mal agi souffre
Dans ce monde comme dans l’autre.
Il se tourmente en pensant : « J’ai mal agi »
Et il se tourmente plus encore
Quand il part vers les mondes de désolation.

Celui qui a bien agi
Se réjouit dans ce monde comme dans l’autre.
Il se réjouit en pensant : « J’ai bien agi »
Et il se réjouit plus encore
Quand il part vers les mondes de félicité.


   19 – 20
L’inconscient,
Capable de réciter de nombreux textes sacrés
Mais incapable, dans sa vie, de les appliquer,
N’aura aucune part aux bénédictions
D’une vie contemplative et de méditation –
Exactement comme un berger
Qui se contenterait de veiller
Sur le troupeau d’un autre berger.

Celui qui connaît mal les textes sacrés
Mais suit le Dhamma et le met en pratique,
Qui abandonne les passions,
Les pensées erronées et l’aversion,
Le vigilant
Qui a libéré son esprit et ne s’attache à rien
Dans ce monde ni dans l’autre,
Celui-là a sa part de bénédictions
D’une vie contemplative et de méditation.