Le Dhamma de la Forêt


Les fruits de la bienveillance

Maha Ghosananda

Extrait de Step by Step

Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/



Il n'y a rien de plus glorieux que la paix. Lorsque nous stabilisons notre posture et calmons notre esprit, nous pouvons créer la paix en nous. Ensuite, nous pouvons rayonner bienveillance et bonté envers ceux qui nous entourent : notre famille, notre communauté, notre nation et notre monde.

Nous pouvons méditer ainsi : « Puissé-je être heureux. Puis-je être en paix. Puis-je être libéré de la colère. Puissé-je être libre de toute souffrance. »

Pourquoi devons-nous commencer par avoir de la bienveillance envers nous-mêmes ? Parce que la paix commence au niveau de l'individu. C'est seulement en ayant de la bienveillance en nous que nous pouvons l’étendre aux autres. Comme le dit le proverbe : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». En nous protégeant, nous protégeons le monde entier. En état bons envers nous-mêmes, nous sommes bons envers le monde entier. Lorsque nous disons : « Puissé-je être heureux », nous parlons pour tout le monde. Le monde entier est un. La vie est une. Nous relevons tous de la même nature de Bouddha.

La bienveillance est une énergie très puissante. Elle rayonne sur tous les êtres, sans distinction. Elle rayonne sur nos proches, sur ceux qui nous sont indifférents et sur nos ennemis. Il n'y a pas de frontières à la bonté et à la bienveillance. Le Dhamma est fondé sur l'amour bienveillant. Le Bouddha a regardé le monde entier avec compassion. Ainsi, notre prière pour obtenir un bonheur personnel se transforme naturellement en une prière pour tous : « Que le monde entier soit heureux et libre de toute souffrance. »

Les écritures bouddhistes décrivent les mérites de la méditation de la bienveillance. Elles nous disent que ceux qui la pratiquent dorment bien, qu’ls ne font pas de cauchemars, qu’ils peuvent concentrer leur esprit rapidement, que leur esprit est clair et paisible, qu’ils ne sont pas nerveux. De plus, ils sont immunisés contre le feu, les poisons et les armes ; ils peuvent résoudre tous les problèmes du monde ; ils sont aimés de tous les êtres sensibles ; leur teint s'éclaircit ; et ils atteindront le nirvana. Au total, il y a cinquante-deux bénédictions dérivées de la méditation de la bienveillance.

Lorsque nous ressentons de la bonté envers tous les êtres, nous obtenons la bénédiction d’être libres de la peur. Nos paroles et toutes nos actions physiques et mentales deviennent claires et nous devenons libres.

On trouve le plus grand bonheur en vivant sans égoïsme. C'est l'un des fruits de la bienveillance. On se satisfait de sa vie telle qu'elle est. La vie nous paraît souvent pénible, mais elle devient facile lorsque nous cessons de lutter. D’instant en instant, pas à pas, nous pouvons vivre la vie comme quelque chose de léger et d’agréable. Inutile de se dépêcher !

Avec la bienveillance, nous sommes comme des poissons dans une eau claire, jamais submergés par les fardeaux du monde. Nous suivons le courant du temps, facilement, d'instant en instant. Une paix totale habite nos yeux, nos oreilles, notre nez, notre langue, notre corps et notre esprit, car nous contrôlons tous nos sens. Nous comprenons clairement le but de notre vie et comment vivre heureux. Nous avons également une compréhension claire de l'objet de notre concentration ainsi que du je, du moi et du mien. Le Bouddha a dit : « Il n'y a pas de je, pas de moi ni de mien » et cela devient clair lorsque nous mettons la bienveillance en pratique.

En règle générale, nous sommes égoïstes pour ce qui concerne notre famille, notre argent, notre logement, notre nom et notre renommée, ainsi qu’en ce qui concerne le Dhamma. Mais lorsque nous mettons la bienveillance en pratique, nous devenons généreux. Nous offrons gratuitement ce que nous pouvons offrir, y compris le Dhamma.

La bienveillance, c'est aussi la gentillesse. Avec la bienveillance, toute inimitié est transformée. Nos ennemis ne nous haïront plus et ils finiront par nous rendre notre bienveillance en tant qu'amis.

Oui, mes amis, c'est cela l'amour bienveillant.



La grande compassion

Si je suis bon envers quelqu'un, cette personne apprendra la bonté et sera bonne envers les autres à son tour. Si je ne suis pas bon, elle nourrira de la haine et du ressentiment et transmettra ses sentiments aux autres. Si le monde n'est pas bon, je dois faire encore plus d'efforts pour être bon moi-même.

Prendre soin des autres, c’est comme prendre soin de soi. Quand je respecte et sers les autres, je sers tous les bouddhas partout. C'est ce que l'on appelle « la grande compassion ». La compassion est un état mental heureux.

Lorsque nous nous protégeons par la présence attentive de tous les instants, nous protégeons également les autres. Lorsque nous protégeons d'autres êtres vivants par des actions empreintes de compassion, c’est nous-mêmes que nous protégeons aussi.