Le Dhamma de la Forêt


AUCUNE INQUIETUDE

Ajahn Liem



Extrait du livre anglais intitulé No Worries

Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/



« … ne s’inquiéter ni du passé ni de l’avenir,

laisser le présent emplir l’instant,

se poser dans cet espace de perfection totale. »

 


Ces enseignements ont été donnés par Ajahn Liem lors d’un séjour en Australie
au monastère Bodhinyana de Melbourne.



Savoir Adapter

Dans la pratique du Dhamma, les choses progressent petit à petit. Il n’est pas possible de forcer les choses ni de les bousculer d’aucune manière. C’est comme lorsque vous avez construit ce monastère. Si on veut construire un monastère, il faut procéder par étapes, petit à petit. Il faut aussi laisser la place à d’éventuelles adaptations et évolutions pendant la durée du chantier. Nous devons avoir la même attitude quand nous pratiquons le Dhamma. Tout accomplir en un jour est certainement impossible ; nous devons donc avancer un pas après l’autre.

Je ne m’attendais pas à ce que les choses soient trop différentes, ici. L’Australie et la Thaïlande se ressemblent beaucoup dans la mesure où, partout, les gens sont, tour à tour, soit heureux soit malheureux.

Bien entendu, la façon dont on se sent dans certaines circonstances de vie dépend aussi du climat mais, en réalité, le climat ne nous paraît difficile à supporter que lorsque notre corps est peu résistant. Si nous avons développé une certaine résistance physique, il n’y a rien de trop dur dans un climat différent. Penser qu’il fait trop chaud ou trop froid n’est pas la question ; c’est simplement une question d’adaptation. C’est la même chose pour la pratique : on ne peut pas s’attendre à ce que notre pratique aille toujours bien ; il faut regarder plus loin et considérer la pratique comme une adaptation permanente : ce qui est insuffisant a besoin d’être corrigé, ce qui n’est pas bon doit être abandonné.

Mais attention ! Si nous avons des préjugés et des idées toutes faites, la progression n’ira pas dans le bon sens. Tant que l’on s’attache à des opinions et des préjugés (agati dhammā), on n’est toujours pas accompli dans le Dhamma.

Prenez l’exemple de quelqu’un qui voit un morceau de terrain inégal et caillouteux, et décide qu’il n’est pas utilisable. Ce n’est pas vrai. Une fois le terrain nivelé et déblayé, il peut très bien être utilisé. Même un terrain caillouteux peut servir si on le travaille correctement. Par contre, le terrain le plus beau et le plus lisse ne servira à rien si on ne le travaille pas correctement.

 

Dukkha

Dukkha [mot pali pour exprimer la souffrance, l’insatisfaction ou les tensions] peut être de deux types : kāyika dukkha, la souffrance qui vient du corps, et cetasika dukkha, la souffrance qui vient de l’esprit. La souffrance de l’esprit apparaît parce que notre vision des choses est erronée ; elle apparaît à chaque fois que l’esprit se laisse submerger par des attitudes malsaines comme la mauvaise compréhension ou l’avidité.

Mais quand nous observons de près la souffrance du corps, nous réalisons que c’est quelque chose que nous sommes obligés de ressentir sans cesse. On peut dire que la souffrance physique fait partie de la vie même. Il faut qu’elle soit présente. Le fait que l’organisme corporel ait besoin d’uriner et d’excréter est une forme de souffrance. Quand nous avons faim et soif, ce sont des sensations désagréables et quand nous pouvons soulager la faim et la soif, cela éveille des sensations agréables ; mais, en réalité, l’ensemble du processus n’est rien d’autre que dukkha.

Le dukkha qui vient directement de l’esprit apparaît sous l’influence du désir. Désirer, c’est être dans un état de manque. Tout comme les grands océans dans lesquels toutes les rivières se déversent ne déborderont jamais, le désir ne sera jamais satisfait. C’est pourquoi le Bouddha a dit : « Il n’existe pas de rivière plus forte que le désir. » (Dhammapada, 251)

 

Que reste-t-il ?

Quand nous pratiquons l’attention au corps, nous nous concentrons sur le fait que le corps vieillit et meurt ; nous nous concentrons sur le fait que le corps ne peut pas durer éternellement et qu’il ne peut pas être ce que nous appelons « moi ».

Chaque jour, la mort nous arrive mais sous une forme cachée, pas sous la forme évidente de la mort du corps. On la voit dans le fait que les choses changent. Nous mourons à l’état d’enfant en devenant adultes – cela aussi, c’est une mort. De même, entrer dans une période de notre vie où le corps se détériore et ne peut plus être maîtrisé aussi facilement qu’avant est une mort. Les différentes parties qui constituent l’être vivant, les cinq khandhā, font ce qu’elles sont censées faire et puis s’effondrent : la terre retourne à la terre, l’eau retourne à l’eau et le feu retourne au feu. Reste-t-il quoi que ce soit que nous pourrions appeler « moi » ?

 

Fondre comme la neige

Le temps passe sans relâche. Le Bouddha nous a comparés à des bêtes que l’on mène à l’abattoir. Chaque jour, le temps passe. Notre durée de vie est comme une goutte de rosée au bout d’un brin d’herbe ou comme de la neige dont on fait des boules : si une boule de neige est exposée au soleil, elle fond et, quand le vent se lève, elle s’évapore et disparaît.

Le Bouddha voulait que nous réfléchissions à notre vie de cette manière pour que nous ne soyons pas le jouet des pollutions mentales – les aversions et les désirs –, pour que nous ne soyons pas forcés de vivre d’une manière qui limite notre liberté et ne nous permette pas d’être notre propre maître.

 

La nature de l’esprit

En dehors de la réalité physique, il y a la réalité de l’esprit. L’esprit n’a pas de forme matérielle mais il a certaines caractéristiques qui s’expriment par le bonheur, la souffrance, la confusion ou la paix. Le Bouddha a appelé cela les nāma dhammā ou phénomènes mentaux, mais nous ressentons ce type de vécu comme « mon esprit ».

Notre esprit est simplement une manifestation de nama dhamma. Nous ne pouvons pas dire que notre esprit n’est pas bon ou qu’il est « absolument mauvais ». Tout dépend de la façon dont nous considérons les choses et de la façon dont nous réagissons aux choses qui se présentent. C’est comme les éléments physiques que l’on rencontre dans la nature – par exemple les pierres, les rochers, le sable, les arbres et même les montagnes et l’eau. L’eau ne devient une ressource utile pour notre vie que si elle est filtrée et traitée pour être potable. Si nous faisons bon usage des traitements, des adaptations et des développements, ces ressources seront bénéfiques et utiles. C’est la façon dont le Bouddha voyait l’esprit humain : comme quelque chose de naturel qui a besoin d’être développé et corrigé.

L’esprit qui est dans un état non-développé n’est pas filtré, tout comme l’eau qui est encore pleine de particules de poussière. Mélangés aux nama dhamma, il y a des polluants qui sont dangereux, c’est pourquoi nous devons faire un effort pour nettoyer et développer notre esprit.

 

Le développement de l’esprit

Le développement de l’esprit ou le développement de nos états d’esprit, exige que nous nous mettions dans des conditions appropriées, des conditions qui ne donnent pas lieu à l’inquiétude. Nous nous plaçons dans la réalité de l’instant présent, le paccuppanna dhamma, et nous menons notre vie avec présence et attention, de façon à ce que cela devienne une forme de protection pour nous-mêmes.

Quand nous considérons et réfléchissons sur ce qui est approprié et ce qui ne l’est pas, nous apprenons à connaître les choses qui sont dangereuses et défavorables parce que ces choses parlent d’elles-mêmes. Cela nous devient tout à fait évident. Nous le constatons à chaque instant. Prenez, par exemple, les états d’esprit négatifs ou la mauvaise humeur. Tout le monde ne sait que trop bien comment on se sent quand on y est plongé.
 

Se diriger vers une bonne destination

Le Bouddha a enseigné que, tout ce que nous avons pu faire pour développer et renforcer des sentiments de bonté entraînera prospérité et progrès. Quand on se comporte ainsi, on peut dire que l’on se dirige vers une bonne destination (sugati).

Cette bonne destination est un espace où l’on est dans un état d’esprit positif. Un espace d’état d’esprit positif, c’est quand l’esprit est libre de toute irritation, de toute attitude malsaine comme l’avidité, la haine et l’incompréhension ; c’est un esprit qui nous permet d’être heureux.

Tout dépend de nous. C’est pour cela que le Bouddha a dit que nous devons savoir comment nous développer et nous corriger. Laisser les choses suivre leur cours naturel ne nous sera pas d’un grand secours. On peut comparer cela aux ressources matérielles et aux matières premières : si nous ne les traitons pas et si nous ne leur donnons pas une forme appropriée, la nature ne nous apportera pas grand-chose de bon. Si les maisons dans lesquelles nous vivons nous abritent du soleil et de la pluie, de la chaleur et du froid, c’est parce qu’il y a eu construction et développement.

Les êtres humains ne sont pas parfaits à la naissance. Tout ce que nous avons accompli n’a été possible que parce que nous l’avons construit petit à petit, parce que nous avons développé éducation et entraînement. Avec l’éducation et l’entraînement, nous possédons peu à peu le potentiel pour changer de toutes sortes de manières. C’est à nous qu’il revient de développer une meilleure compréhension de nous-mêmes, dans une perspective plus large, avec circonspection, sincèrement et correctement. Nous verrons alors que nous nous dirigeons vers une bonne destination.

 

Vaincre Māra [Marā est la personnification du mal]

Il y a des périodes où nous devons faire face à des problèmes et à des états d’esprit négatifs dans notre pratique, à cause de notre relation au monde des sens où les trois filles de Māra – Rāga, la sensualité, Arati, l’aversion et Tanhā, l’avidité – viennent nous tenter.

Dans ces périodes, essayez de tenir bon et posez-vous les questions suivantes : d’où viennent ces tentations et sous quelles formes apparaissent-elles ? Elles arrivent toutes par l’intermédiaire des perceptions de notre propre esprit. Ce sont des nourritures mentales créées par nous, des sankhāra [phénomènes conditionnés par l’esprit ou proliférations mentales]. C’est un point très important que nous devons comprendre sinon les doutes et les inquiétudes que nous aurons (sur nous et notre pratique) pourront devenir si forts que nous risquons de décider de tout quitter et de mettre fin à nos efforts pour atteindre l’Eveil.

Nous sommes tentés de tout laisser tomber mais il y a encore cette toute petite voix au fond de nous qui dit de ne pas abandonner. Vous connaissez la représentation du Bouddha lorsqu’il est sur le point de vaincre Māra ? Que signifie son geste exactement ? On voit le corps du Bouddha en train de commencer à se lever, son genou est déjà tourné vers le haut mais sa main pousse vers le bas. C’est comme s’il disait : « Attendons encore une seconde ! Voyons d’abord cela de plus près. » C’est ainsi que nous devons faire face à ce genre de situations.
 

De l’expérience a la connaissance

Nous devons nous connaître et savoir aussi où nous en sommes dans notre pratique en vue de la réalisation du Dhamma. Le Bouddha lui-même n’avait pas que des disciples parfaits. Il a dû, lui aussi, investir beaucoup de travail pour les éduquer et les corriger, pour leur transmettre la connaissance et leur faire acquérir de nouvelles habitudes jusqu’à ce qu’ils atteignent la perfection. Avant qu’ils ne deviennent véritablement utiles aux autres, il a fallu beaucoup de temps.

C’est exactement la même chose pour nous. Il faut réaliser que, dans le passé, nous ne nous sommes jamais vraiment intéressés au monde de notre esprit. Tout ce que nous faisions, c’était voir les choses selon nos désirs. Ce que nous appelions « bon » était ce qui gratifiait nos désirs et nos souhaits. Quand nous commençons à voir le monde dans une perspective qui tient compte de nos vrais sentiments, il se peut que nous soyons d’abord choqués, mais nous réalisons finalement que nous avons besoin de nous améliorer de différentes manières. Par exemple, quand nous ressentons des sentiments désagréables qui ont des effets négatifs sur nous, nous devons trouver le moyen d’y mettre fin.

Si nous en arrivons au point où nous pouvons arrêter les états d’esprit négatifs, nous avons vraiment accompli quelque chose de bénéfique. Petit à petit, nous acquérons plus de connaissances et de compréhension que nous pouvons mettre en œuvre dans la vie. Si la joie ou la tristesse apparaît, nous n’éprouvons plus le besoin de l’exprimer au point de nous y perdre et ensuite de tomber inévitablement dans dukkha.

Nous voyons que ces expériences sont une manière de comprendre les processus par lesquels passe notre vie intérieure. C’est cela la véritable connaissance.

 

Se concentrer sur le lâcher-prise

Quel que soit l’objet de méditation que nous choisissons, nous possédons déjà le moyen de trouver la paix intérieure. Tout ce que nous avons à faire, c’est nous concentrer sur le lâcher-prise des attitudes qui engendrent l’attachement et l’identification, les « j’aime ceci » et « je n’aime pas cela » et tous les dhamma du monde (lokadhammā) [louange et blâme, gain et perte, gloire et diffamation, bonheur et malheur] qui risquent de nous submerger.

 

Un simple récipient

Nous pouvons utiliser la méditation qui consiste à examiner la réalité du corps en profondeur (kāyagatāsati) pour développer un sentiment de détachement (viveka) ; en effet, cette méditation nous permet de cesser de croire que nous sommes propriétaires de notre corps. Nous essayons de voir le corps simplement comme une manifestation des éléments et des agrégats (khandha) qui existent dans la nature.

Ce que nous sommes – homme, femme ou quoi que ce soit – n’est différencié et caractérisé que par les noms et les conventions de la société mais, en essence, le vécu des gens est le même pour tous. La souffrance que nous ressentons est la même pour tous. Le bonheur ou le malheur, le sentiment de satisfaction ou de déception est le même. C’est sur cela que nous devons nous concentrer.

Si nous réalisons que notre corps et celui des autres sont semblables dans leur essence, notre état d’esprit devient tel qu’il entraîne l’apaisement du désir et de l’avidité. Au final, il n’y a aucune différence entre les gens. Nous allons commencer à voir les autres sans plus de préjugés.

Nous n’aurons plus le sentiment que quelqu’un nous est supérieur, inférieur ou égal. Nous ne prétendrons plus être meilleurs ou pires que les autres, ni même leur égal. En maintenant cette attitude envers nous-mêmes, nous cultivons une claire conscience qui n’est pas obscurcie par l’orgueil et la tendance à croire à notre propre importance.

C’est ainsi que nous pratiquons kāyagatāsati. Si nous parvenons au détachement, nous pouvons l’appeler kāyaviveka, le détachement par rapport au corps.

Avoir un corps, c’est comme avoir un objet qui peut nous être utile, comme un bol, par exemple. Le bol est simplement un récipient qui peut contenir de la nourriture que nous utilisons au moment du repas. C’est un simple récipient. De même, notre corps est un simple récipient pour l’investigation, pour permettre qu’apparaisse une compréhension de la réalité.

 

La tâche qui nous revient

En parlant de détachement, il faut dire qu’en réalité, la façon plus ou moins « détachée » dont nous vivons dépend de nous jusqu’à un certain point. Les moines, par exemple, doivent se contenter du logement qui leur est alloué, que celui-ci soit retiré ou pas, et accomplir leurs tâches de moines dans la solitude. Quels que soient les pratiques, les devoirs et la routine, ils continuent à les faire tout seuls. Ils s’entraînent pour assumer leur propre responsabilité.

La façon dont nous nous sentons dépend entièrement de nous-mêmes, ce n’est le problème de personne d’autre. Les autres ne peuvent pas vraiment savoir ce que nous ressentons. C’est entièrement à nous que revient la tâche d’examiner nos traits de caractère et nos habitudes. Sommes-nous du genre sensuel ou colérique ? Refusons-nous de voir la réalité en face ? Parfois on trouve un mélange de genres : une personne peut être à la fois sensuelle et colérique ou sensuelle et irréaliste, par exemple.

Avoir un tempérament avec certaines tendances, comme cela, est naturel. Mais l’attitude que nous devons avoir, face à ces tendances, est de vouloir les déraciner pour y mettre fin définitivement. Pour cela, nous devons souhaiter avoir un état d’esprit paisible et mettre en œuvre les différents moyens qui mènent à la paix.

 

S’éloigner de la société

Les êtres humains vivent en société et communiquent entre eux de sorte que, inévitablement, nous sommes en contact avec toutes sortes d’impressions provenant de la société. Il faut pouvoir affronter toutes les situations. Pour cela, le Bouddha nous a conseillé de vivre notre vie en pleine conscience, avec attention et claire compréhension, en particulier à l’instant même où nous entrons en contact avec le monde. Il y a l’œil qui voit des formes et des couleurs, il y a l’oreille qui entend des sons, le nez qui sent des odeurs, la langue qui goûte des saveurs, le corps qui ressent des contacts et, enfin, il y a des images qui apparaissent dans l’esprit du fait de ces perceptions.

Toutes ces expériences ont besoin d’être filtrées. Il faut les considérer avec attention, de telle sorte que l’on puisse comprendre toutes les impressions qui arrivent. Si on voit les choses clairement, tous ces objets perçus perdront d’eux-mêmes leur intérêt.

Ce processus ressemble à ce qui se passe quand nous sommes avec des enfants. Les enfants s’amusent beaucoup à leurs jeux mais, si nous regardons un jouet d’enfant – une marionnette, par exemple – nous serons d’accord pour dire qu’il n’a rien de foncièrement drôle ou intéressant.

Si nous jetons un regard sur nos expériences passées, nous constatons que, au bout de quelque temps, nous commençons à les considérer comme un tas de détritus, comme quelque chose qui ne sert plus à rien. Nous n’accordons plus d’importance à ces choses-là, qu’il s’agisse de colère, d’avidité ou d’erreurs de compréhension, de désir, d’aversion ou d’ignorance. Tout cela nous apparaît comme un tas de détritus. Les détritus ne sont désirables pour personne, ils ne présentent aucun intérêt, de sorte qu’ils s’effacent doucement de notre conscience. L’état d’esprit colérique s’efface, l’état d’esprit d’aversion s’efface et, finalement, apparaît le détachement par rapport à ces états d’esprit. Le détachement des liens que nous entretenons avec la société apparaît : il s’agit du détachement des liens avec ce que les yeux voient, ce que les oreilles entendent et ce que le nez sent.

Quand le sentiment de détachement apparaît, nous nous sentons comme au frais, à l’ombre ; nous savons ce que signifie avoir un « refuge ». Avoir un refuge c’est être libre de tout souci, c’est comme vivre dans une maison qui nous protège du soleil et de la pluie, de la chaleur et du froid. Rien ne peut nous perturber.

 

Offrir l’occasion de s’exprimer

Le Bouddha a suggéré que les gens qui pratiquent en groupe et souhaitent l’harmonie de leur communauté s’invitent mutuellement à la critique. Il a appelé cela pavārana, littéralement « offrir l’occasion ». Dans le cadre monastique conventionnel, pavārana est un devoir formel de la communauté [la cérémonie de pavārana a lieu le jour de la fin de la retraite des pluies dans tout monastère où ont résidé au moins cinq moines.]

Le but de cette cérémonie est de donner à chacun l’occasion d’offrir des remarques et des commentaires critiques constructifs. La critique n’est pas basée sur des prises de position étroites, des opinions ou un sentiment de supériorité. Elle a simplement pour but de souligner des situations qui se sont présentées et de mettre en garde contre des problèmes potentiels. Ceci est fait sans arrogance ni prétention car aucun de nous n’est parfait tandis que nous avançons sur la voie.

Parfois, nous nous contentons de regarder devant et nous oublions ce qui traîne derrière nous. Peut-être avons-nous des points faibles et, à cette occasion, nous comptons sur les autres pour nous les révéler. Ils peuvent tenir un miroir où nous nous verrons plus clairement et nous aider ainsi à concentrer notre attention sur des domaines où nous avons besoin de grandir. C’est la raison pour laquelle nous nous offrons cette occasion de libre expression. Ainsi, tout le monde peut grandir et se développer.

Quand quelqu’un nous montre une faute que nous avons commise ou nous signale une chose que nous n’avons pas bien faite, nous l’acceptons simplement, avec confiance, sans croire que cela part d’un mauvais sentiment chez l’autre.

A chaque fois que nous agissons mus par des émotions fortes comme la colère ou même la violence physique, nous devons reconnaître qu’il s’agit là d’un comportement laid et sale. Si nous offrons aux autres l’occasion de s’exprimer à notre propos, cela nous aide à redevenir plus conscients de ce que nous faisons. Les comportements que nous n’aimons pas ne plaisent certainement pas aux autres non plus. De tels actes sont inacceptables en société. Si nous les faisons, cela a tendance à déranger les autres et nous sommes perçus comme des personnes ayant un mauvais comportement.

Le Sangha pratique pavārana en tant que cérémonie formelle de la communauté monastique. Celle-ci doit se dérouler sans qu’il soit tenu compte du rang, du statut ou de l’âge des participants ; indépendamment aussi de l’expérience et du niveau de chacun.

 

La société des arbres

Quand on vit ensemble, on s’appuie les uns sur les autres. Nous pouvons comparer cela à la « vie sociale » d’une forêt. Dans la « société des arbres », tous les arbres ne se ressemblent pas, il y en a des gros et des petits. Mais les gros arbres ont besoin de s’appuyer sur les petits et les petits sur les gros pour assurer la sécurité de chacun. Il est faux de croire qu’un arbre est à l’abri de tout danger sous prétexte qu’il est gros. Quand l’orage survient, ce sont les gros arbres qui tombent. De même, les petits arbres ont besoin de s’appuyer sur les gros ; s’il n’y avait pas de gros arbres sur lesquels s’appuyer, ils se casseraient.

Toute société a besoin de coopérer de cette manière. Suivre les principes établis par le Bouddha peut alléger les problèmes qui se présentent quand des situations déplaisantes surviennent. Les êtres humains devraient utiliser leur intelligence, leurs capacités d’attention et de sagesse, et s’élever au-dessus du comportement du règne animal. C’est pourquoi le Bouddha a vanté les qualités de l’attention et de la sagesse.

 

Absolument normal

Si nous considérons la souffrance inhérente à la vie en société comme quelque chose de très lourd, elle devient effectivement très lourde. Si nous la voyons comme quelque chose de naturel, elle devient simplement naturelle.

C’est comme quand nous regardons un arbre : si nous le voyons grand, il devient grand ; si nous le voyons petit, il devient petit. Mais si nous ne considérons l’arbre ni grand ni petit, il n’y a pas grand-chose à en dire. Il devient absolument normal tel qu’il est.

 

Le barrage

Parfois, du fait que nous vivions dans une société dont les limites sont très vastes – cette vie communautaire dans le monde que nous pourrions appeler notre « grande famille » – nous avons besoin de beaucoup de patience et d’endurance. Dans certaines situations où nous avons l’impression de ne plus savoir où nous en sommes, nous risquons de mal agir par manque de présence attentive. C’est pourquoi, de manière générale, nous devons être capables d’avoir un minimum de retenue et de patience.

L’endurance doublée de patience est une forme d’énergie, tout à fait comme l’énergie générée par le barrage d’un réservoir qui retient l’eau. C’est un potentiel prêt à nous rendre service.

Nous endurons patiemment les situations où nous sommes en contact avec les émotions des gens qui nous entourent. Que nous recevions ce que nous désirons ou pas, nous l’endurons avec patience. Si nous sommes effectivement en mesure de lâcher prise et de poser les choses, l’endurance et la patience deviennent une forme de renoncement en soi. C’est une grande qualité pour nous soutenir mutuellement dans la société et pour avoir une meilleure compréhension de la vie.

 

Des personnes malades

Le fait que nous soyons parfois mécontents, quand nous sommes confrontés à la société, est dû au contact avec les dhamma du monde, à la peur des autres. Si les gens sont contents de nous, ils nous encensent ; s’ils sont mécontents, ils nous font des reproches. Quand on nous fait des reproches, nous nous sentons vexés et abattus. Mais si nous voyions tout cela dans une perspective d’attention et de sagesse, nous réaliserions que ceux qui nous font des reproches sont eux-mêmes dans un état de souffrance, qu’ils sont certainement malheureux. On peut les comparer à des malades dont la santé se détériore. Ceux qui s’occupent des malades, infirmiers et médecins, savent bien que les malades se comportent souvent de manière agressive et irritable. Infirmiers et médecins ne tiennent pas compte de ces attitudes qu’ils considèrent normales pour des personnes malades.

Notre situation est semblable. Nous devons considérer les personnes qui nous critiquent de telle sorte que cela éveille en nous amitié bienveillante, bonne volonté et compassion car ceux qui critiquent ont certainement le cœur affligé et ne savent plus où ils en sont. Si nous pouvons éveiller de tels sentiments de bienveillance en nous, nous ne réagirons pas à leurs propos mais exprimerons, au contraire, amitié et soutien. Nous donnons ainsi à leurs émotions une occasion de se calmer et de s’apaiser.

 

Ils n’en veulent pas

Quand le Bouddha s’est libéré de toutes les pollutions mentales liées à l’avidité, à la haine et à l’ignorance, il a pu mener une vie sans négativité ni colère. Son esprit était plein de bienveillance et de compassion. Mais pas le type de compassion qui est encore associé au désir. Quand la compassion va de pair avec le désir, elle est encore insuffisante, pas encore purifiée.

Le Bouddha a simplement proposé de regarder le monde à la lumière de la vacuité ; de voir, au travers du monde, sa vacuité. Il n’a pas dit que nous devrions penser que nous sommes censés aider et soutenir toute personne que nous rencontrons pour peu qu’elle soit dans la peine ou la souffrance. Ce n’est pas ainsi que le Bouddha voyait le monde.

Le Bouddha a dit : « Le monde est dirigé par le karma » [la loi de cause à effet qui régit toute action commise intentionnellement].

Si nous commençons à donner des conseils aux gens qui sont encore sous l’influence de leurs dispositions karmiques, ils ne vont pas apprécier nos conseils, ils ne vont pas accepter notre aide. Ils n’en veulent pas.

Vous pouvez comparer cela à donner à des animaux, des vaches, par exemple, de la nourriture pour humains. Elles n’en veulent pas. Ce qu’elles veulent, c’est de l’herbe !

 

Eblouis par le monde

Le Bouddha a enseigné que les êtres du monde – le monde de l’esprit – se retrouvent constamment au royaume du désir des sens. Nous constatons que la sensualité nous emporte. Nous voyageons sans cesse au royaume des désirs où tous les objets sont désirables.

Le mot « objets désirables » se réfère en réalité à ce « moi » et aux choses matérielles qui y sont liées. Elles nous donnent le sentiment d’être obsédés, éblouis et captifs. C’est pourquoi le Bouddha nous a appris à faire un effort pour reconnaître ces processus, à l’œuvre tant dans le monde qu’en nous, au moyen d’une vision pénétrante. Si nous nous concentrons sur ces processus pour les voir dans leur vraie nature, nous verrons que ce sont des expériences très loin d’être parfaites et, de toute évidence, inadéquates.

Nous devons prendre conscience du fait qu’être ébloui par le monde est un état d’imperfection qui nous conduit au mal-être et à toutes sortes de chagrins et de deuils. Aussi bien la douleur que le plaisir, le bon que le mal, finissent par occasionner le sentiment d’être prisonniers d’un état de souffrance qui nous brûle de l’intérieur.

Nous devons faire un effort pour voir cela, de façon à réagir et à changer d’attitude, en prenant pleinement conscience du danger inhérent à la ronde de l’existence. Ainsi, nous devenons vigilants et attentifs quand nous sommes en relation avec le monde ; nous voyons l’attrait pour le monde comme quelque chose dont il faut se libérer, de même que tous les attachements et les pièges qui y sont associés. Peu à peu, nous aspirons à la Libération, nous échappons à notre identification au « moi ».

 

Bien équipés

Si on divise les dhamma qui mènent à l’Eveil, comme cela se fait généralement dans les Ecritures bouddhistes, on voit qu’ils comprennent :

-          les quatre efforts justes 
-          les quatre fondements de l’attention 
-          les quatre bases d’énergie 
-          les cinq facultés 
-          les cinq forces 
-          les sept facteurs d’Eveil
-          le Noble Octuple Sentier

Si on voulait résumer tous ces facteurs en un seul, ce serait certainement le facteur de l’Attention.

Nous sommes tous ici déjà bien équipés, d’une manière ou d’une autre, pour pratiquer les quatre fondements de l’attention puisque ceux-ci sont basés sur le corps, les sensations, l’esprit et les dhamma ou phénomènes mentaux. Nous avons un corps et nous avons des sensations et des sentiments, qu’ils soient de bonheur ou de malheur, d’appréciation ou d’aversion. Notre mémoire et notre conscience sont bien développées. Nous ressentons des sankhara – toutes ces proliférations mentales, bonnes ou mauvaises –, et nous avons une conscience sensorielle (viññanā), c’est-à-dire la faculté de recevoir des informations qui arrivent par les organes des sens. Nous devons donc vraiment mettre en pratique cet enseignement sur l’attention.

L’attention doit être établie en lien avec toutes les situations de notre vie et dans l’instant même où elles se présentent. C’est pourquoi le Bouddha a enseigné que nous devions mener notre vie en pleine conscience et avec une claire compréhension, en nous concentrant avec attention, en observant et en investiguant.

Ce que nous devons faire en premier, c’est essayer de poser notre esprit dans l’instant présent, sans nous préoccuper du passé ni de l’avenir. Ainsi l’instant présent apparaît (dans notre esprit) et nous nous plaçons dans cet espace de perfection absolue. L’instant présent est à la fois cause et effet dans la mesure où c’est dans l’instant présent que nous créons des causes, bonnes ou mauvaises, dont les effets se manifesteront dans l’avenir. C’est pour cette raison que le Bouddha a enseigné que nous devions mener notre vie dans la présence consciente.

Donc, ces dhamma qui mènent à l’Eveil, nous les possédons déjà. Quand nous nous retrouvons pour pratiquer et nous entraider, en particulier quand nous vivons dans un endroit comme ce monastère, nous n’avons pas besoin de ressentir tous les liens qui nous attachent au monde extérieur ni tout le chaos et les difficultés de la société. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est nous étudier, nous observer de manière plus attentive et plus pondérée. Observer les choses avec attention et pondération fera émerger la vision juste (sammā ditthi) et la vision juste est, elle-même, synonyme de paix.

Que voit-on quand on a la vision juste ? On voit dukkha comme quelque chose qu’il faut reconnaître ; on voit la cause de dukkha comme quelque chose qu’il faut abandonner ; et on voit la cessation des trois caractéristiques de l’existence [anicca, l’impermanence ; dukkha, la souffrance ; et anattā, le non-soi] comme quelque chose qu’il faut réaliser. On voit aussi que notre relation à la vie peut être empreinte de réserve et de modération. Ce sont les Quatre Nobles Vérités : dukkha, son origine, sa cessation et la voie. Vivre sa vie selon ces vérités, c’est le bodhipakkhiya dhamma, le dhamma qui mène à l’Eveil. La vision juste nous apporte une claire compréhension des choses, la paix, la fraîcheur. Elle nous conduit à la pureté de l’esprit.

Ces dhamma sont des qualités qu’il est bon que nous développions et utilisions au quotidien. Tout le monde en est capable pour peu que l’on investisse de l’effort, que l’on y mette son cœur, que l’on y accorde de l’importance et que l’on persévère, que l’on n’abandonne pas. Cela s’appelle avancer sans trêve jusqu’au bout du chemin, jusqu’au succès.

« Viriyena dukkham accenti » : dukkha peut être surmonté par l’effort.

Cette phrase du Bouddha est très claire. Nous devons donc nous comporter en conséquence et pratiquer pour y parvenir. Ne tombez pas sous l’influence des obstacles que sont la paresse et le relâchement. Le laisser-aller et la léthargie nous affaiblissent, nous drainent de nos forces et nous encouragent à l’endormissement. Ce dont nous avons besoin c’est de détermination. Avez-vous déjà entendu ces paroles de détermination du Bouddha ?

« Je m’engage, même s’il ne me reste que la peau sur les os, même si la chair et le sang de mon corps se dessèchent, à ne pas relâcher mon énergie ni cesser mes efforts, à ne pas bouger d’ici jusqu’à ce que j’aie atteint l’Eveil. »

Ce vœu du Bouddha montre à quel point était grande la force de sa détermination. C’était un être réellement noble. On pourrait dire que c’était un être idéal, parfait, un « héros » à la force d’esprit exceptionnelle, inégalable. A aucun moment, il ne s’est dit : « Je n’y arriverai pas » car le Dhamma est une chose que les êtres humains sont capables de réaliser et de mettre en pratique. Nous sommes tous des êtres humains et cela devrait nous suffire pour comprendre qu’il doit y avoir au moins une manière de faire apparaître ce qui est vraiment bénéfique.

 

Aucun conflit

Dans un certain sens, ce que l’on appelle « l’entrée dans le courant » (sotāpatti) dans les Ecritures, signifie une diminution la « force ajoutée » que nous investissons dans la façon dont nous vivons notre vie ; on devient quelqu’un qui est possédé par la paix. Celui qui est entré dans le courant a moins d’avidité, de désir, de haine, de colère et moins d’ignorance de la réalité des choses. Cela signifie qu’il vit sa vie moins violemment. Toutes les formes de conflits deviennent de moins en moins importantes et finissent par se dissoudre.

Une vie sans aucun conflit est une vie où l’on se sent vraiment heureux. Cette forme de bonheur arrive lorsqu’il n’y a plus aucun trait de caractère négatif. Il n’y a rien qui puisse engendrer l’anxiété d’aucune sorte. C’est vraiment une bonne façon d’exister.

A l’époque du Bouddha, il y avait beaucoup de gens qui vivaient ainsi parce que les disciples du Bouddha menaient généralement leur vie de manière vertueuse, attentive et éveillée. Si une personne a développé cette capacité à être constamment présent et conscient de ce qui est, sa vie spirituelle et émotionnelle est généralement très saine. Elle a le sentiment d’être sur une voie sans obstacles et sans dangers.

Mener sa vie ainsi n’est pas réservé aux moines et aux nonnes. Toute personne vivante a le devoir de vivre avec une attitude d’esprit qui n’engendre pas les conflits.

 

Aucune inquiétude

Une fois que l’on est détaché des plaisirs sensoriels et des états d’esprit négatifs dans la pratique, toutes sortes de choses cessent d’arriver à l’esprit et d’y proliférer, même les pensées (vitakka). Il ne reste que l’attention et la claire compréhension de ce qui est. Tout l’éventail des pensées malsaines a été abandonné.

Dans « les pensées malsaines », il faut inclure le désir d’avoir toujours davantage de plaisir dans la vie. Comme nous le savons, se délecter des plaisirs des sens est considéré comme un danger, dans les enseignements du Bouddha, de même que le désir d’en avoir toujours plus à l’avenir. Toutes ces pensées doivent absolument être coupées à la racine.

Quand les états d’esprit malsains disparaissent, il demeure un sentiment de joie quasi-extatique (pīti) et un grand bonheur (sukha). Tout de suite après la joie vient le ressenti de cet immense bonheur. Mais, si on y regarde de près, ce bonheur lui-même a ses inconvénients. Il peut se transformer en une distorsion de la perception appelée vipallāsa. Vipallāsa est le contraire de vipassanā. Vipassanā est la révélation de la clarté, une expérience de compréhension totale. Ainsi, quand ces sentiments de joie extatique se présentent, ce que nous devons faire, c’est continuer à maintenir l’attention de manière soutenue de sorte qu’au moment où cet immense bonheur arrive, nous ne perdions pas notre chemin.

Ne tombez pas dans l’erreur de croire que vous avez atteint ceci ou cela. Il faut être capable de lâcher tout cela et d’arriver au niveau de l’équanimité (upekkhā). Autrement dit, cessez de spéculer et de vous inquiéter, soyez simplement vigilants. Restez dans la réalité du moment présent, le paccuppanna dhamma. N’ayez aucune inquiétude à propos de quoi que ce soit.

Si on pratique ainsi, un véritable bonheur apparaît, dépourvu de tout souci par rapport aux choses extérieures : on ne s’inquiète plus de ses conditions de vie, que l’on mange ou pas n’a pas d’importance. Le Bouddha nous l’a prouvé par son Eveil. Avez-vous remarqué qu’après avoir finalement mangé le riz au lait offert par Sujāta (le jour de son Eveil), tout ce qu’il a fait c’est engager toute son énergie dans la méditation ? Il ne s’est pas préoccupé le moins du monde de ce dont il avait besoin pour vivre. Tout ce que le Bouddha a consommé a été l’extase du détachement qui résultait du fait qu’il avait déraciné ses désirs et ses impuretés mentales.

Cette expérience change tout de manière radicale. Il n’y a plus de bon et de mauvais, tout devient bon, c’est une loi de la nature. Ce changement se produit automatiquement, régulé par la nature. A ce moment-là, on a le sentiment de ne rien désirer, de ne pas aimer ou détester les choses comme le font les gens ordinaires. On utilise toujours les organes des sens, mais de telle sorte qu’ils ne donnent pas lieu à la création d’une image déformante de la réalité. L’oreille entend toujours des sons mais pas leur contexte trompeur. Les yeux voient des choses, des hommes et des femmes, par exemple, mais sans fabrications mentales attachées.

C’est une expérience différente de ce que vivent les êtres ordinaires non éveillés, lesquels se disent aussitôt : « C’est bon » quand ils voient quelque chose ou : « Ce n’est pas bon » quand ils voient autre chose. La différence tient au fait que la personne éveillée n’a pas de réactions d’acceptation ou de refus. C’est en cela que l’Eveillé se distingue de la personne ordinaire. Telle est la nature du changement qui s’opère dans l’Eveil.

Avez-vous jamais ressenti cela ? Tout le monde peut le ressentir ! (Rires)