Le Dhamma de la Forêt


Un Cœur Libéré

II

Vénérable Ajahn Mun


Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/



Partie 8 : Le bastion de la pratique pour travailler sur soi.

Dans quels enseignements le Bouddha nous a-t-il donné un bastion pour pratiquer ? Quand on se pose cette question, on constate qu’il nous a donné ce bastion dans ce que l’on appelle « les grands bases de référence » ou « les fondements de l’attention », le Satipatthana Sutta.

Comparons cela aux affaires du monde : dans une bataille armée où l’on veut remporter la victoire, il est nécessaire de trouver un bastion, une place forte. Si on trouve un tel lieu, on peut repousser avec succès les armées adverses mais aussi accumuler une grande puissance pour lancer une attaque et causer la défaite des ennemis. Un tel lieu s’appelle « un bastion » parce qu’il est bien barricadé et qu’il comporte des remparts, des portails et des douves.

Il en va de même pour les affaires du Dhamma quand nous nous établissons dans « les fondements de l’attention » comme dans un bastion. Ceux qui se battent contre l’ennemi (les souillures de l’esprit) doivent commencer par être pleinement conscients de leur corps en tant que fondement de l’attention. En effet, quand des passions apparaissent, elles perturbent à la fois le corps et l’esprit. Du fait que la vue d’un corps risque de perturber l’esprit, on peut en conclure que le corps est une provocation, et c’est donc le corps que l’on doit examiner pour dépasser les obstacles (nivarana) et apaiser l’esprit.

Il s’agit là d’un élément que vous devez travailler et approfondir au maximum de vos possibilités. En d’autres termes, continuez à étudier le corps sans répit, sans relâche. Quand une image (uggaha nimitta) de n’importe quelle partie du corps vous apparaît en méditation, prenez cette partie du corps comme base de contemplation dans votre méditation. A partir de là, il n’est plus nécessaire d’aller observer les autres parties du corps. Il n’est pas du tout conseillé de se dire : « J’ai déjà vu cette partie et pas les autres, donc je vais aller étudier les autres. » Même si vous observez le corps jusqu’à l’avoir décomposé dans ses moindres parties et ses éléments (dhatu) terre, eau, feu et air (selon la technique de patibhaga), il faudra encore continuer à contempler le corps à partir de l’image qui vous est apparue au départ jusqu’à ce que vous l’ayez complètement maîtrisée. Pour la maîtriser, vous devez contempler cette partie encore et encore, sans vous lasser. C’est comme quand on apprend les textes à psalmodier. Si on mémorise un certain texte et que l’on n’y revient pas pour le réciter ou le réviser, on l’oublie et l’effort n’aura servi à rien du fait de l’autosatisfaction et l’insuffisance de pratique. Il en va de même dans le travail de contemplation du corps. Une fois qu’une image de n’importe quelle partie du corps vous apparaît, si vous ne l’étudiez pas en profondeur de manière répétée et que vous la laissez passer négligemment, cela n’aura servi strictement à rien.

L’investigation du corps est souvent évoquée dans les textes et notamment dans la cérémonie d’ordination telle que nous la pratiquons aujourd’hui. Avant toute chose, le précepteur doit recommander au nouveau moine les cinq objets de méditation que sont les cheveux, les poils, les ongles, les dents et la peau — autrement dit, le corps — du fait de leur importance. Dans un Commentaire du Dhammapada, il est dit qu’un précepteur sans sagesse qui n’enseigne pas l’investigation du corps peut détruire les chances d’Eveil de son élève. C’est pourquoi, de nos jours, le précepteur doit commencer par enseigner les cinq thèmes de méditation.

Dans un autre discours, le Bouddha a déclaré qu’il n’existe pas de Bouddha ou d’Arahant qui n’ait concentré profondément son attention en méditation sur au moins une partie du corps. Il a dit à un groupe de cinq cents moines qui discutaient de la couleur de la terre dans tel ou tel village, qu’ils parlaient là de la terre extérieure alors qu’ils devraient approfondir la terre intérieure. Autrement dit, ils auraient dû étudier ce corps intelligemment, le voir de fond en comble jusqu’à ce qu’il leur apparaisse dans la clarté de sa vérité. Quand le Bouddha cessa de parler, les cinq cents moines atteignirent l’Eveil suprême.

Nous pouvons en conclure que l’investigation du corps est certainement très importante. Toute personne qui trouvera la libération de toute forme de souffrance doit méditer sur le corps. Si nous voulons accumuler une grande force, nous devons l’accumuler en étudiant le corps. Le Bouddha lui-même, juste avant son Eveil, a commencé à méditer en observant sa respiration — et qu’est-ce que la respiration sinon le corps ?

Les « fondements de l’attention », en commençant par l’investigation du corps, sont donc notre bastion. Une fois ce bastion renforcé, c’est-à-dire une fois que nous avons pratiqué les fondements de l’attention jusqu’à les avoir parfaitement maîtrisés, nous devons étudier les choses telles qu’elles sont en termes de la nature inhérente de leurs éléments, en utilisant la vision pénétrante ou vipassana, comme nous le verrons plus loin.



Partie 9 : Les stratégies de la vision pénétrante

Techniques pour déraciner les souillures de l’esprit

Il est dans la nature de toutes les bonnes choses de provenir de choses qui ne sont pas bonnes. Voyez les fleurs de lotus, si belles et si fraîches ! Elles naissent dans une boue sale et répugnante mais, une fois qu’elles s’élèvent au-dessus d’elle, elles sont propres et pures et on peut en orner la couronne d’un roi car elles ne retourneront jamais plus à la boue dont elles sont issues. En cela, elles sont comme le méditant sérieux, engagé dans l’effort et pratiquant avec persévérance. Une telle personne doit étudier en profondeur une chose qui est sale et répugnante pour que son esprit parvienne à se libérer de tout ce qui est sale et répugnant. La chose qui est sale et répugnante, dans ce cas, c’est le corps. Le corps est un assemblage de saleté, d’urine et d’excréments. Les choses qui sont exsudées par les cheveux, les pores, les ongles, les dents, la peau, etc. sont toutes des formes d’excréments. Quand elles tombent dans une assiette, on s’empresse d’en jeter le contenu car personne ne pourrait les avaler. De plus, le corps doit constamment être lavé et frotté pour être présentable. Si on ne le lave pas, il sent mauvais au point que tout le monde s’en écarte. Les vêtements et autres accessoires, tant qu’ils sont loin du corps, sont propres et attirants mais, dès qu’ils entrent en contact avec le corps, ils se salissent et, si nous ne les lavons pas pendant un certain temps, nous sentirons si mauvais que nul ne voudra nous approcher.

Tout ceci nous permet de constater qu’effectivement le corps est une enveloppe contenant urine et excréments, qu’il est asubha (laid) et patigula (répugnant). C’est déjà vrai quand il est vivant mais, quand la vie le quitte, ce corps est encore plus dégoûtant, pire que tout. C’est pourquoi, dès le départ, tous les méditants sérieux travaillent sur le corps de façon méthodique, jusqu’à ce qu’ils en aient parfaitement compris la nature réelle. Avant que cette clarté ne se fasse, ils doivent investiguer toute partie du corps qui leur convient, en fonction de leur tempérament, jusqu’au moment où un certain aspect du corps leur apparaîtra sous forme de uggaha nimitta (image, vision). A partir de là, ils se concentreront sur cet aspect, y travaillant sans relâche, l’approfondissant sans cesse.

« Y travaillant sans relâche et l’approfondissant sans cesse » doit être compris selon l’image suivante. Quand des fermiers font pousser du riz, ils travaillent la terre, labourent la terre et plantent le riz dans la terre ; l’année suivante, ils font à nouveau pousser le riz dans la terre. Ils ne font pas pousser leur riz dans l’air ou au milieu du ciel, ils le font pousser uniquement dans la terre, après quoi le riz remplit leurs granges tout seul. Quand ils travaillent la terre encore et encore, ils n’ont pas besoin de supplier : « Riz, ô riz, nous te prions de venir remplir nos granges », le riz arrive tout naturellement. Et même s’ils voulaient l’en empêcher : « Riz, ô riz, ne vient pas remplir nos granges », s’ils ont travaillé la terre comme il se doit, il n’y a aucun doute que le riz viendra tout de même remplir leur granges.

De la même manière, en tant que méditants sérieux, nous devons persévérer dans l’investigation de la partie du corps qui nous convient, selon notre tempérament, ou de l’endroit qui nous est apparu en premier. Quoi qu’il advienne, nous ne devons en aucun cas négliger ou abandonner l’étude approfondie de cette partie du corps. Y travailler sans relâche ne signifie pas seulement pendant les temps de méditation assise ou en marchant ; nous devons être attentifs et poursuivre notre investigation à tout moment et en tout lieu. Assis, debout, en marchant, couchés, en mangeant, en buvant, en travaillant, en parlant et en pensant, nous devons toujours avoir une attention globale à l’instant présent. Voilà ce que signifie « y travailler sans relâche ».

Quand vous aurez étudié le corps au point d’en comprendre profondément la véritable nature, vous devrez le diviser en plusieurs parties selon la méthode qui vous plaira. Vous séparerez le corps en fonction des éléments qui le composent — terre, eau, feu et air — en l’examinant encore et encore jusqu’à le voir en ces termes. A ce stade, vous pouvez utiliser toute stratégie qui vous convient mais, en aucun cas vous ne devrez abandonner l’investigation du point de référence d’origine qui vous est apparu au début. Quand vous en êtes à ce stade, vous devez persévérer dans votre investigation, y travailler sans relâche et l’approfondir sans cesse. Il ne s’agit pas de travailler dessus une fois et puis d’abandonner le travail pendant quinze jours ou un mois. Observez sous toutes les coutures, de haut en bas, de bas en haut, l’intérieur et l’extérieur, encore et encore. Autrement dit, tournez-vous vers l’intérieur pour apaiser l’esprit et puis reprenez l’investigation du corps — ne vous limitez pas à apaiser simplement l’esprit ou à procéder uniquement à l’investigation du corps.

Quand vous avez travaillé ainsi et que vous voyez le corps en profondeur tel qu’il est réellement, ce qui se produit ensuite arrive tout seul : l’esprit est conscient d’une profonde convergence — tout semble converger et ne former plus qu’un tout, le monde entier n’est plus qu’un assemblage d’éléments. Au même moment, une image apparaît, montrant le monde aussi plat que le dessus d’un tambour parce que le monde entier a une seule et même nature inhérente. Forêts, montagnes, gens, animaux et vous-même serez tous, au bout du compte, ramenés au même niveau unique. Avec cette vision apparaît la connaissance qui met à jamais fin à tous les doutes du cœur et de l’esprit. C’est ce que l’on appelle yatha-bhuta-nana-dassana-vipassana : la profonde compréhension qui voit et connaît les choses telles qu’elles sont véritablement.

Ce n’est pas le bout du chemin mais le début de l’étape suivante que nous, en tant que méditants sérieux, devons travailler sans relâche et approfondir inlassablement de façon à ce que la claire compréhension des choses soit pleinement maîtrisée et définitive. Nous verrons alors que les fabrications mentales qui imaginent : « Je suis ceci » ou : « Cela est à moi » n’ont pas de réalité stable et que, du fait de l’attachement, elles sont source de souffrance. Nous verrons que tous les éléments sont restés fidèles à eux-mêmes tout au long : ils apparaissent, vieillissent, tombent malades et puis meurent ; ils apparaissent et se détériorent depuis avant notre naissance, ils fonctionnent ainsi depuis des temps immémoriaux. Mais, du fait du conditionnement du corps et de l’esprit — les cinq khandha : rupa, vedana, sañña, sankhara et viññana —, des pensées et des étiquettes ont été attachées à toutes les existences précédentes et jusqu’à celle-ci, à travers d’innombrables vies et l’esprit a cru à tort à ses propres fabrications — ce ne sont pas les fabrications mentales qui se sont attachées à nous. Quand on va au bout des choses, on constate, sans le moindre doute, que tous les phénomènes de ce monde, qu’ils soient ou non dotés de conscience, ont toujours été tels qu’ils sont : ils apparaissent et puis se détériorent de leur propre chef, comme cela.

Alors nous réalisons pubbe ananussu tesu dhammesu, c’est-à-dire que ce schéma de fonctionnement des phénomènes (littéralement « les dhamma ») a toujours été ainsi. Même si personne ne nous le dit, nous savons avec certitude qu’il en est ainsi. C’est pourquoi le Bouddha a maintenu, à ce propos, qu’il ne l’avait appris de personne, ne l’avait entendu dire par personne, car c’est ainsi que les choses ont toujours été depuis avant sa naissance. Nous pouvons en conclure que ce schéma de fonctionnement de tous les éléments doit nécessairement être ainsi. Mais parce que les conditions de l’esprit se sont attachées à toutes ces choses pendant tant de vies, elles fonctionnent selon des suppositions erronées. L’esprit a été noyé sous les tendances latentes (anusaya) au point de croire à tort à leur réalité et ainsi, en s’attachant aux conditions de l’esprit, des états de devenir et des naissances ont été créés.

En progressant de cette manière, le méditant sérieux en vient à analyser les choses à fond jusqu’à en voir la véritable nature et il voit que sabbe sankhara anicca, sabbe sankhara dukkha : tous les actes de fabrication mentale ou « conditions de l’esprit » sont ce qui est impermanent, tandis que le monde des êtres vivants est constant, il est simplement comme il est. Analysez ces points en termes des quatre Nobles Vérités de façon à rectifier les conditions de l’esprit et à voir par vous-même que celles-ci sont impermanentes et source de souffrance. C’est parce que vous n’avez pas constaté par vous-même qu’elles sont impermanentes et source de souffrance que vous vous laissez piéger par les formations mentales. Quand vous le verrez vraiment, cela changera et rectifiera les conditions de votre esprit. Alors vous réaliserez sankhara sassata natthi : aucune formation mentale ne peut durer. Les fabrications mentales ne sont que des conditions de l’esprit, comme les mirages. Quant aux êtres vivants, ils font partie du monde depuis toujours. Alors, quand on voit clairement les deux côtés — que les êtres vivants sont simplement comme ils sont et que les fabrications mentales sont simplement une condition de l’esprit qui les imagine — alors thitibhutam, l’esprit original, qui n’est lié à aucune condition, est libéré.

Quant à l’enseignement selon lequel tous les phénomènes ou schémas de comportement sont dépourvus d’un « soi », comment pourraient-ils être « soi » ? Leur seul tâche consiste à apparaître comme ils le font. C’est pourquoi le Bouddha a dit : « Sabbe dhamma anatta », tous les phénomènes sont dépourvus d’un soi.

En tant que méditants sérieux, nous devons étudier les choses en profondeur pour les voir clairement telles qu’elles sont jusqu’au point où l’esprit converge de lui-même, nous permettant de voir vraiment et de manière vivante par nous-mêmes et, à ce moment-là apparaîtra la connaissance qui accompagne cette vision. C’est ce que signifie vutthana-gamini vipassana (claire vision pénétrante qui mène à l’émergence). Nous devons travailler à ce stade jusqu’à ce qu’il soit parfaitement maîtrisé, jusqu’à ce que nous voyions vraiment et clairement, tout en constatant la pleine convergence de l’esprit et la connaissance qui l’accompagne. Cette convergence va à contre-courant des tendances latentes et les élimine, elle transforme les suppositions en Libération. Il se peut aussi que la convergence se fasse au niveau de l’esprit originel qui est simplement comme il est, jusqu’au point d’absolue clarté accompagnée de khina jati nanam hoti : la certitude qu’il n’y aura plus de renaissance.

Il ne s’agit pas là d’une supposition ni d’une fabrication mentale, pas plus que de quelque chose que l’on peut obtenir par la volonté. C’est quelque chose qui apparaît, qui est et qui sait spontanément.

On a comparé cela à des plants de riz. Quand on nourrit correctement un plant de riz et qu’on s’en occupe, le résultat — les grains de riz — ne sont pas obtenus par la volonté : ils apparaissent d’eux-mêmes. Si une personne veut obtenir du riz mais est paresseuse et ne s’occupe pas de ses plants, elle peut toujours vouloir du riz jusqu’à sa mort, aucun grain de riz n’apparaîtra pour elle. Il en va de même pour la réalisation de la Libération : ce n’est pas quelque chose que l’on peut obtenir par la volonté. Quelqu’un qui désire la Libération mais ne pratique pas correctement ou ne pratique pas du tout et perd son temps dans la paresse jusqu’à son dernier jour, celui-là ne réalisera jamais la Libération.



Partie 10 : L’esprit originel est clair et lumineux par nature

mais assombri par les souillures de l’esprit.

Pabhassaramidam bhikkhave cittam tanca kho agantukehi upakkilesehi upakkilittham : « Moines, cet esprit est, à l’origine, clair et lumineux mais, du fait que des souillures et des impuretés passent et l’obscurcissent, il ne montre pas son éclat. »

On a comparé ces paroles du Bouddha au poème suivant :

Un grand arbre a six mille branches :

De gros caméléons l’envahissent chaque jour par centaines

De petits caméléons chaque jour par milliers.

Si le propriétaire n’y fait pas attention

Ils feront venir de plus en plus d’amis chaque jour.

On peut expliquer cette comparaison comme suit : si on enlève les trois zéros aux six mille branches du grand arbre, il reste six, ce qui représente les six portes des sens, la porte d’entrée pour les caméléons, c’est-à-dire les choses « contrefaites », non authentiques. Les souillures de l’esprit ne sont pas authentiques ; ce sont seulement des choses qui entrent par les portes des sens par centaines et par milliers. Et, comme les caméléons, les souillures qui ne sont pas encore apparues vont apparaître, de plus en plus nombreuses chaque jour, tant que nous n’aurons pas trouvé un moyen de rectifier la nature de l’esprit.

L’esprit est plus éclatant que tout ce qui peut exister mais, du fait des contrefaçons — les souillures qui le traversent — il est obscurci, il perd son éclat, tout comme le soleil est obscurci par les nuages. N’allez pas croire que le soleil court derrière les nuages ! Non, ce sont les nuages qui flottent vers lui et l’obscurcissent.

Quand les méditants comprennent les choses de cette manière, ils doivent se libérer des contrefaçons en les analysant avec finesse, comme expliqué dans les stratégies de la vision pénétrante à la Partie 9. Quand ils auront développé l’esprit jusqu’au stade de l’esprit originel, cela signifiera que toutes les contrefaçons auront été détruites ou, plus exactement, que les choses contrefaites ne pourront plus atteindre l’esprit originel parce que le pont qui les reliait aura été détruit. Même s’il arrive encore que l’esprit soit en contact avec les préoccupations du monde, ce contact sera comme celui d’une goutte de rosée glissant sur une feuille de lotus.



Partie 11 : La pratique du méditant doit correspondre à son tempérament

Un jour, un célèbre dresseur de chevaux s’adressa au Bouddha et lui demanda comment il formait ses disciples. Le Bouddha, en retour, demanda à l’homme comment, lui, dressait ses chevaux. L’homme répondit qu’il y a quatre types de chevaux : 1) ceux qui sont faciles à dresser, 2) ceux qui sont moyennement faciles à dresser, 3) ceux qui sont vraiment difficiles à dresser, et 4) ceux qui ne peuvent absolument pas être dressés et qu’il faut tuer. Le Bouddha répliqua : « Il en va de même pour mes disciples. » 1) Ceux qui sont « faciles à dresser », c’est-à-dire ceux dont l’esprit est aisément pacifié, doivent manger suffisamment pour nourrir leur corps. 2) Ceux qui sont moyennement faciles à dresser, c’est-à-dire dont l’esprit a du mal à se pacifier, ne doivent pas être autorisés à manger beaucoup, seulement prendre un peu de nourriture. 3) Ceux qui sont vraiment difficiles à dresser, c’est-à-dire dont l’esprit a vraiment beaucoup de mal à se calmer, ne doivent pas manger du tout et doivent être attanu : ils doivent connaître leur force et les limites de leur endurance. 4) Quant à ceux que l’on ne peut dresser et qu’il faut tuer, c’est-à-dire ceux que l’on appelle padaparama, ceux qui ne peuvent absolument pas calmer leur esprit, le Bouddha leur retire le pont ; autrement dit, il ne leur donne aucun enseignement, ce qui revient à les « tuer ».