Le Dhamma de la Foręt


Adittapariyaya Sutta (SN 35.28)

Le sermon du feu


Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/


Quelques mois aprčs son Eveil, le Bouddha s’adressa ŕ un groupe de mille ascčtes adorateurs du feu.
Le Bouddha utilisa la métaphore du feu pour illustrer la nature de l’attachement.
En entendant ses paroles, les mille ascčtes connurent l’Eveil.


Ainsi l'ai-je entendu. Un jour, alors que le Bouddha résidait ŕ Gayasisa, prčs de Gaya, entouré de mille ascčtes, il s'adressa ŕ eux ainsi :

« Moines, tout brűle. Et quel est ce tout qui brűle ?

« Les yeux brűlent. Les formes matérielles brűlent. La conscience visuelle brűle. Le contact visuel brűle. Et toutes les sensations ayant pour cause et condition le contact visuel – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – brűlent également. Et qu’est-ce qui a allumé cet incendie ? C’est le feu du désir, le feu de l’aversion et le feu de l’ignorance. Je vous le dis, c’est le feu de la naissance, du vieillissement et de la mort ; le feu du chagrin, des lamentations, de la douleur, de la détresse et du désespoir.

« Les oreilles brűlent. Les sons brűlent. La conscience auditive brűle. Le contact auditif brűle. Et toutes les sensations ayant pour cause et condition le contact auditif – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – brűlent également. Et qu’est-ce qui a allumé cet incendie ? C’est le feu du désir, le feu de l’aversion et le feu de l’ignorance. Je vous le dis, c’est le feu de la naissance, du vieillissement et de la mort ; le feu du chagrin, des lamentations, de la douleur, de la détresse et du désespoir.

« Le nez brűle. Les odeurs brűlent. La conscience olfactive brűle. Le contact olfactif brűle. Et toutes les sensations ayant pour cause et condition le contact olfactif – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – brűlent également. Et qu’est-ce qui a allumé cet incendie ? C’est le feu du désir, le feu de l’aversion et le feu de l’ignorance. Je vous le dis, c’est le feu de la naissance, du vieillissement et de la mort ; le feu du chagrin, des lamentations, de la douleur, de la détresse et du désespoir.

« La langue brűle. Les saveurs brűlent. La conscience gustative brűle. Le contact gustatif brűle. Et toutes les sensations ayant pour cause et condition le contact gustatif – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – brűlent également. Et qu’est-ce qui a allumé cet incendie ? C’est le feu du désir, le feu de l’aversion et le feu de l’ignorance. Je vous le dis, c’est le feu de la naissance, du vieillissement et de la mort ; le feu du chagrin, des lamentations, de la douleur, de la détresse et du désespoir.

« Le corps brűle. Les choses tangibles brűlent. La conscience tactile brűle. Le contact physique brűle. Et toutes les sensations ayant pour cause et condition le contact physique – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – brűlent également. Et qu’est-ce qui a allumé cet incendie ? C’est le feu du désir, le feu de l’aversion et le feu de l’ignorance. Je vous le dis, c’est le feu de la naissance, du vieillissement et de la mort ; le feu du chagrin, des lamentations, de la douleur, de la détresse et du désespoir.

« Le mental brűle. Les idées brűlent. La conscience mentale brűle. Le contact mental brűle. Et toutes les sensations ayant pour cause et condition le contact mental – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – brűlent également. Et qu’est-ce qui a allumé cet incendie ? C’est le feu du désir, le feu de l’aversion et le feu de l’ignorance. Je vous le dis, c’est le feu de la naissance, du vieillissement et de la mort ; le feu du chagrin, des lamentations, de la douleur, de la détresse et du désespoir.

« Ayant entendu et compris cet enseignement, le noble disciple perd toute attirance pour les yeux, perd toute attirance pour les formes matérielles, perd toute attirance pour la conscience visuelle, perd toute attirance pour les contacts visuels. Et, envers les sensations ayant pour cause et condition le contact visuel – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – il perd aussi toute attirance

« Il perd toute attirance pour les oreilles, perd toute attirance pour les sons, perd toute attirance pour la conscience auditive, perd toute attirance pour les contacts auditifs. Et, envers les sensations ayant pour cause et condition le contact auditif – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – il perd aussi toute attirance

« Il perd toute attirance pour le nez, perd toute attirance pour les odeurs, perd toute attirance pour la conscience olfactive, perd toute attirance pour les contacts olfactifs. Et envers les sensations ayant pour cause et condition le contact olfactif – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – il perd aussi toute attirance

« Il perd toute attirance pour la langue, perd toute attirance pour les saveurs, perd toute attirance pour la conscience gustative, perd toute attirance pour les contacts gustatifs. Et, envers les sensations ayant pour cause et condition le contact gustatif – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – il perd aussi toute attirance

« Il perd toute attirance pour le corps, perd toute attirance pour les choses tangibles, perd toute attirance pour la conscience du toucher, perd toute attirance pour les contacts physiques. Et, envers les sensations ayant pour cause et condition le contact physique – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – il perd aussi toute attirance

« Il perd toute attirance pour le mental, perd toute attirance pour les idées, perd toute attirance pour la conscience mentale, perd toute attirance pour les contacts mentaux. Et, envers les sensations ayant pour cause et condition le contact mental – que ce soit le plaisir, la douleur, ou ni le plaisir ni la douleur – il perd aussi toute attirance

« Ayant perdu toute forme d’attirance, il abandonne toute forme de passion. Libre de toute passion, il est totalement libéré. Avec la libération totale vient la connaissance de sa propre libération. Il comprend : « La naissance a pris fin, la vie sainte a été vécue jusqu’au bout, la tâche a été accomplie. Il n’y a plus rien au-delŕ en ce monde. »

Ainsi parla le Bouddha. Les moines se réjouirent de ses paroles et lui en furent reconnaissants.

Et, tandis que ce sermon était donné, le cœur des mille ascčtes, lâchant tout attachement, fut pleinement libéré et purifié.