Le Dhamma de la Forêt



Jinna Sutta, SN 16.5

Maha Kassapa et la simplicité
de la vie dans la forêt


Traduction Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/


Maha Kassapa est l’un des principaux disciples du Bouddha. Après la mort du Bouddha, c’est lui qui a présidé le premier Concile où ont été récités tous les enseignements du Bouddha (Sutta) ainsi que les préceptes que devaient observer moines et nonnes (Vinaya).

Il est considéré comme le « père de la Tradition de la Forêt » du fait de ce dialogue avec le Bouddha recueilli sous le nom de Jinna Sutta (« l’âge avancé »).


Ainsi ai-je entendu. À une certaine occasion, tandis que le Bouddha résidait près de Raj Gaya, dans le Jardin des Bambous, sanctuaire des écureuils, Maha Kassapa alla le voir. Il s’inclina devant lui puis s’assit sur le côté. Le Bouddha s’adressa à lui : « Tu es âgé maintenant, Maha Kassapa. Tes vêtements de chanvre usé sont lourds pour toi. Porte donc les robes de moine qu’offrent les laïcs, mange à la table de ceux qui t’invitent et viens vivre près de moi. »

« Vénérable, pendant de nombreuses années j’ai vécu dans la forêt et j’ai prôné la vie dans la forêt. J’ai quêté ma nourriture et j’ai prôné le fait de quêter sa nourriture. J’ai porté des haillons et j’ai prôné le fait de porter des haillons. Je n’ai eu qu’un ensemble de trois robes et j’ai prôné le fait de n’avoir qu’un seul ensemble de trois robes. J’ai été humble et j’ai prôné l’humilité. Je me suis satisfait de tout et j’ai prôné le fait de se satisfaire de tout. J’ai vécu en solitaire et j’ai prôné la solitude. J’ai été sans attaches et j’ai prôné le détachement. J’ai persévéré avec ardeur et j’ai prôné le fait de persévérer avec ardeur. »

« Mais, Maha Kassapa, quelle raison impérieuse vois-tu qui justifie que pendant de nombreuses années, tu as vécu dans la forêt et tu as prôné la vie dans la forêt ; tu as quêté ta nourriture et tu as prôné le fait de quêter sa nourriture ; tu as porté des haillons et tu as prôné le fait de porter des haillons ; tu n’as eu qu’un ensemble de trois robes et tu as prôné le fait de n’avoir qu’un seul ensemble de trois robes ; tu as été humble et tu as prôné l’humilité ; tu t’es satisfait de tout et tu as prôné le fait de se satisfaire de tout ; tu as vécu en solitaire et tu as prôné la solitude ; tu as été sans attaches et tu as prôné le détachement ; tu as persévéré avec ardeur et tu as prôné le fait de persévérer avec ardeur ? »

« Vénérable, je vois deux raisons impérieuses qui font que j’ai vécu [ainsi] pendant de nombreuses années : d’une part, pour l’ici et maintenant, il m’est agréable de vivre de cette manière ; et, d’autre part, je le fais pour les générations à venir. Je me dis qu’ils penseront peut-être : ‘Il semble que les disciples de l’Éveillé et ceux qui se sont éveillés après lui ont vécu longtemps dans la forêt et ont prôné la vie dans la forêt ; ont quêté leur nourriture et ont prôné le fait de quêter sa nourriture ; ont porté des haillons et ont prôné le fait de porter des haillons ; n’ont eu qu’un ensemble de trois robes et ont prôné le fait de n’avoir qu’un ensemble de trois robes ; ont été humbles et ont prôné l’humilité ; ont été satisfaits de tout et ont prôné le fait de se satisfaire de tout ; ont vécu en solitaires et ont prôné la solitude ; ont été sans attaches et ont prôné le détachement ; ont persévéré avec ardeur ont prôné le fait de persévérer avec ardeur.’ »

« Bien, Kassapa. Très bien. Il est évident que tu pratiques pour le bonheur du plus grand nombre, par compassion pour le monde, pour le bien-être, le bénéfice et le bonheur des êtres humains et divins. Continue donc à porter tes vêtements de chanvre usé, va quêter ta nourriture et vis dans la forêt. »