Le Dhamma de la Forêt



La pleine conscience de la mort (1)

Maranassati Sutta (AN 6:19)

Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/



Ainsi ai-je entendu. À un certain moment, tandis que le Bouddha séjournait près de Nadika dans le bâtiment de briques, il s'adressa aux moines ainsi :

– Moines !

– Oui, Vénérable, répondirent les moines.

– La pleine conscience de la mort, lorsqu'elle est développée et poursuivie, est porteuse de grands fruits et source de grands bienfaits. Elle s’ancre dans ce qui est au-delà de la mort, son but ultime est ce qui est au-delà de la mort. Par conséquent, il est important que vous développiez la pleine conscience de la mort.

Quand cela fut dit, un certain moine répondit au Bouddha :

– Je développe déjà la pleine conscience de la mort.

– Et comment développes-tu la pleine conscience de la mort ?

– Je me dis : « Oh, puissé-je vivre encore un jour et une nuit pour pouvoir encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup. » Voilà comment je développe la pleine conscience de la mort.

Un autre moine s'adressa ensuite au Bouddha :

– Moi aussi, je développe déjà la pleine conscience de la mort.

– Et comment développes-tu la pleine conscience de la mort ?

– Je me dis : « Oh, puissé-je vivre encore un jour pour pouvoir encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup. Voilà comment je développe la pleine conscience de la mort.

Un autre moine s'adressa ensuite au Bouddha :

– Moi aussi, je développe déjà la pleine conscience de la mort.

– Et comment développes-tu la pleine conscience de la mort ?

– Je me dis : « Oh, puissé-je vivre encore le temps qu'il faut pour prendre un repas, pour pouvoir encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup. Voilà comment je développe la pleine conscience de la mort.

Un autre moine s'adressa ensuite au Bouddha :

– Moi aussi, je développe déjà la pleine conscience de la mort.

– Et comment développes-tu la pleine conscience de la mort ?

– Je me dis : « Oh, puissé-je vivre le temps qu'il faut pour avaler quatre bouchées de nourriture après les avoir mâchées. Ainsi je pourrais encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup. Voilà comment je développe la pleine conscience de la mort.

Un autre moine s'adressa ensuite au Bouddha :

– Moi aussi, je développe déjà la pleine conscience de la mort.

– Et comment développes-tu la pleine conscience de la mort ?

– Je me dis : « Oh, puissé-je vivre le temps qu'il faut pour avaler une seule bouchée de nourriture après l’avoir mâchée. Ainsi je pourrais encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup. Voilà comment je développe la pleine conscience de la mort.

Un autre moine s'adressa ensuite au Bouddha :

– Moi aussi, je développe déjà la pleine conscience de la mort.

– Et comment développes-tu la pleine conscience de la mort ?

– Je me dis : « Oh, puissé-je vivre le temps qu'il faut pour expirer après avoir inspiré ou pour inspirer après avoir expiré. Ainsi je pourrais encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup. Voilà comment je développe la pleine conscience de la mort.

Quand ceci fut dit, le Bouddha s'adressa aux moines :

– On considère que ceux qui développent la pleine conscience de la mort en pensant : « Oh, puissé-je vivre encore un jour et une nuit... un jour... le temps qu'il faut pour prendre un repas... le temps qu'il faut pour avaler quatre bouchées de nourriture après les avoir mâchées. Ainsi je pourrais encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup » – manquent encore d’attention. Ils ne développent que lentement la pleine conscience de la mort qui met fin à tous les poisons mentaux.

« Par contre, on considère que ceux qui développent la pleine conscience de la mort en pensant : « Oh, puissé-je vivre le temps qu'il faut pour avaler une bouchée de nourriture après l’avoir mâchée… le temps qu'il faut pour expirer après avoir inspiré, ou pour inspirer après avoir expiré. Ainsi je pourrais encore bénéficier des enseignements du Bouddha. J'aurais alors accompli beaucoup » – développent correctement l’attention. Ils développent intensément la pleine conscience de la mort qui met fin à tous les poisons mentaux.

« C'est pourquoi vous devez vous entraîner ainsi : ‘Nous maintiendrons une attention présente à tout moment. Nous développerons intensément la pleine conscience de la mort pour mettre fin à tous les poisons mentaux.’ Voilà comment vous devez vous entraîner. »

Telles furent les paroles du Bouddha. Satisfaits, les moines se réjouirent des paroles du Bouddha.


Conscience de la mort (2)

Maranassati Sutta (AN 6:20)

Traduction de Jeanne Schut

http://www.dhammadelaforet.org/


Ainsi ai-je entendu. À un certain moment, tandis que le Bouddha séjournait près de Nadika dans le bâtiment de briques, il s'adressa aux moines ainsi :

– Moines, la pleine conscience de la mort, lorsqu'elle est développée et poursuivie, est porteuse de grands fruits et source de grands bienfaits. Elle s’ancre dans ce qui est au-delà de la mort, son but ultime est ce qui est au-delà de la mort. Et comment la pleine conscience de la mort est-elle développée et poursuivie de sorte qu'elle apporte de grands fruits et de grands bienfaits, qu'elle s’ancre dans ce qui est au-delà de la mort, que ce qui est au-delà de la mort soit son but ultime ?

« Voilà. Tandis que le jour s'en va et que la nuit revient, un moine pourrait réfléchir ainsi : ‘Nombreuses sont les causes possibles de ma mort. Un serpent pourrait me mordre, un scorpion pourrait me piquer, un mille-pattes pourrait me mordre. C'est ainsi que surviendrait ma mort. Ce serait un grave empêchement pour moi. En trébuchant, je pourrais tomber ; la nourriture, une fois digérée, pourrait me causer des problèmes ; ma bile pourrait s’irriter, des mucosités … des gaz douloureux pourraient se produire. C'est ainsi que surviendrait ma mort. Ce serait un grave empêchement pour moi.’

« Alors le moine devrait se poser les questions suivantes : ‘Y a-t-il chez moi des mauvaises habitudes, des défauts que je n'ai pas abandonnés et qui seraient un grave empêchement pour moi si je mourais dans la nuit ?’

« Si, en y réfléchissant, il se rend compte qu’il y a effectivement des mauvaises habitudes et des défauts qu’il n’a pas encore abandonnés et qui seraient un grave empêchement pour lui s’il mourait dans la nuit, il devra déployer un maximum de résolution, d’effort, de diligence, de persévérance ainsi qu’une attention et une vigilance accrues pour abandonner ces mauvaises habitudes et ces défauts. Tout comme une personne dont le turban ou la tête serait en feu déploierait un maximum de résolution, d’effort, de diligence, de persévérance ainsi qu’une attention et une vigilance accrues pour éteindre le feu sur son turban ou sur sa tête, de la même manière le moine devra déployer davantage de résolution, d’effort, de diligence, de persévérance ainsi qu’une attention et une vigilance accrues pour abandonner ces mauvaises habitudes et ces défauts. Mais si, en y réfléchissant, il se rend compte qu’il n’y a pas de mauvaises habitudes ni de défauts qu’il n’a pas encore abandonnés et qui seraient un grave empêchement pour lui s’il mourait dans la nuit, alors de ce fait, il demeurera dans la joie et la félicité, s'entraînant jour et nuit à développer de belles qualités.

« De plus, tandis que la nuit s'en va et que le jour revient, un moine pourrait réfléchir ainsi : ‘Nombreuses sont les causes possibles de ma mort. Un serpent pourrait me mordre, un scorpion pourrait me piquer, un mille-pattes pourrait me mordre. C'est ainsi que surviendrait ma mort. Ce serait un grave empêchement pour moi. En trébuchant, je pourrais tomber ; la nourriture, une fois digérée, pourrait me causer des problèmes ; ma bile pourrait s’irriter, des mucosités… des gaz douloureux pourraient se produire. C'est ainsi que surviendrait ma mort. Ce serait un grave empêchement pour moi.’

« Alors le moine devrait se poser les questions suivantes : ‘Y a-t-il chez moi des mauvaises habitudes, des défauts que je n'ai pas abandonnés et qui seraient un grave empêchement pour moi si je mourais au cours de cette journée ?’

« Si, en y réfléchissant, il se rend compte qu’il y a effectivement des mauvaises habitudes et des défauts qu’il n’a pas encore abandonnés et qui seraient un grave empêchement pour lui s’il mourait dans la journée, il devra déployer un maximum de résolution, d’effort, de diligence, de persévérance ainsi qu’une attention et une vigilance accrues pour abandonner ces mauvaises habitudes et ces défauts. Tout comme une personne dont le turban ou la tête serait en feu déploierait un maximum de résolution, d’effort, de diligence, de persévérance ainsi qu’une attention et une vigilance accrues pour éteindre le feu sur son turban ou sur sa tête, de la même manière le moine devra déployer davantage de résolution, d’effort, de diligence, de persévérance ainsi qu’une attention et une vigilance accrues pour abandonner ces mauvaises habitudes et ces défauts. Mais si, en y réfléchissant, il se rend compte qu’il n’y a pas de mauvaises habitudes ni de défauts qu’il n’a pas encore abandonnés et qui seraient un grave empêchement pour lui s’il mourait au cours de la journée, alors de ce fait, il demeurera dans la joie et la félicité, s'entraînant jour et nuit à développer dans de belles qualités.

« C'est ainsi, moines, que la pleine conscience de la mort est développée et poursuivie afin qu'elle porte de grands fruits et soit source de grands bienfaits, pour qu’elle s’ancre dans ce qui est au-delà de la mort et que son but ultime soit ce qui est au-delà de la mort. »

Voilà ce que dit le Bouddha. Satisfaits, les moines se réjouirent des paroles du Bouddha.