Le Dhamma de la Forêt |
Quand on pratique le Dhamma, si on ne trouve pas un juste équilibre entre concentration et sagesse, on finit par se perdre dans les pensées. Si on travaille trop sur la vision pénétrante, on se perd dans les pensées ; s’il y a trop de concentration, l’esprit reste immobile et imperturbable, mais on n’en retire aucune connaissance non plus. Il faut donc garder ces deux aspects de la méditation en bon équilibre : le calme doit aller de paire avec la vision profonde. Ne permettez pas que l’un domine l’autre ; faites en sorte qu’il y ait un juste équilibre. C’est ainsi que vous pourrez voir les choses clairement tout au long du chemin. Sinon, vous resterez toujours aussi ignorant qu’avant. Peut-être souhaitez-vous avoir une vision profonde sur trop de choses et, par conséquent, vos pensées partent dans tous les sens, l’esprit échappant à tout contrôle. Certaines personnes se demandent tout le temps pourquoi la sagesse n’apparaît jamais dans leur pratique mais, quand elle apparaît, elles perdent complètement la boule ! Leurs pensées partent dans tous les sens et leurs repères disparaissent.
Par conséquent, quand vous pratiquez, vous devez observer, dans votre méditation, comment vous pouvez calmer l’esprit. Une fois qu’il est effectivement apaisé, il a tendance à s’enfermer dans ce calme ; d’autres fois, il se vide sans qu’aucune connaissance ne se manifeste : il est calme, détaché, détendu pendant un certain temps mais sans qu’aucune sagesse n’accompagne cet état. C’est quand vous parviendrez à obtenir que la sagesse accompagne la concentration que vous bénéficierez pleinement de votre pratique de la méditation. Vous verrez les choses à fond et vous pourrez les laisser aller. Si vous penchez trop dans le sens de la vision pénétrante ou dans le sens de la concentration, vous ne pourrez pas lâcher prise. L’esprit peut parvenir à comprendre ceci ou cela mais il va se saisir de cette connaissance ; puis il va découvrir d’autres choses et il va également s’en emparer. Ou bien il va simplement rester parfaitement silencieux et va s’emparer de cela aussi.
Il n’est pas facile de maintenir sa pratique dans le juste milieu, en particulier si on ne met pas en œuvre tous ses pouvoirs d’observation. L’esprit n’arrêtera pas de se laisser piéger, parfois par des choses agréables, parfois par des moins agréables, parce qu’il n’observe pas ce qui se passe. Ce n’est pas la voie du lâcher-prise ; c’est la voie pleine de pièges où l’on reste accroché aux choses. Si on n’est pas conscient de ce qui le piège et qui l’accroche, on reste ignorant et stupide. Vous devez donc faire l’effort de focaliser votre observation jusqu’à voir clairement l’impermanence, l’insatisfaction et l’impersonnalité de toute chose. Il n’y a aucun doute que c’est cela qui mettra fin à toute apparition d’insatisfaction et de souffrance…