Le Dhamma de la Forêt


Anathapindikovada Sutta (MN 143)

- EXTRAIT -

Traduction de Jeanne Schut

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Anathapindikha fut un très loyal et très généreux disciple du Bouddha et de ses moines.

Quand il fut âgé et malade, sentant la mort arriver, il dit à son serviteur : « Va rendre hommage au Bouddha de ma part et informe-le de mon état de santé ; et puis va rendre hommage au grand disciple du Bouddha, Sariputta, informe-le de mon état de santé et demande-lui de bien vouloir me rendre visite. » Sariputta arriva bientôt, accompagné d’Ananda, et lui demanda comment il se sentait. Anathapindika expliqua qu’il souffrait le martyre. Sariputta lui donna alors cet enseignement :

Dans ce cas, voici comment tu dois t’entraîner : « Je ne m’attacherai pas aux yeux ; ma conscience ne dépendra pas des yeux. Je ne m’attacherai pas aux oreilles ; ma conscience ne dépendra pas des oreilles. Je ne m’attacherai pas au nez ; ma conscience ne dépendra pas du nez. Je ne m’attacherai pas à la langue ; ma conscience ne dépendra pas de la langue. Je ne m’attacherai pas au corps ; ma conscience ne dépendra pas du corps. Je ne m’attacherai pas au mental ; ma conscience ne dépendra pas du mental. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas aux objets visuels ; ma conscience ne dépendra pas des objets visuels. Je ne m’attacherai pas aux sons ; ma conscience ne dépendra pas des sons. Je ne m’attacherai pas aux odeurs ; ma conscience ne dépendra pas des odeurs. Je ne m’attacherai pas aux saveurs ; ma conscience ne dépendra pas des saveurs. Je ne m’attacherai pas aux sensations tactiles ; ma conscience ne dépendra pas des sensations tactiles. Je ne m’attacherai pas aux pensées ; ma conscience ne dépendra pas des pensées. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas à la conscience visuelle ; ma conscience ne dépendra pas de la conscience visuelle. Je ne m’attacherai pas à la conscience auditive ; ma conscience ne dépendra pas de la conscience auditive. Je ne m’attacherai pas à la conscience olfactive ; ma conscience ne dépendra pas de la conscience olfactive. Je ne m’attacherai pas à la conscience gustative ; ma conscience ne dépendra pas de la conscience gustative. Je ne m’attacherai pas à la conscience corporelle ; ma conscience ne dépendra pas de la conscience corporelle. Je ne m’attacherai pas à la conscience mentale ; ma conscience ne dépendra pas de la conscience mentale. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas aux contacts visuels ; ma conscience ne dépendra pas des contacts visuels. Je ne m’attacherai pas aux contacts auditifs ; ma conscience ne dépendra pas des contacts auditifs. Je ne m’attacherai pas aux contacts olfactifs ; ma conscience ne dépendra pas des contacts olfactifs. Je ne m’attacherai pas aux contacts gustatifs ; ma conscience ne dépendra pas des contacts gustatifs. Je ne m’attacherai pas aux contacts corporels ; ma conscience ne dépendra pas des contacts corporels. Je ne m’attacherai pas aux contacts mentaux ; ma conscience ne dépendra pas des contacts mentaux. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas aux ressentis nés des contacts visuels ; ma conscience ne dépendra pas des ressentis nés des contacts visuels. Je ne m’attacherai pas aux ressentis nés des contacts auditifs ; ma conscience ne dépendra pas des ressentis nés des contacts auditifs. Je ne m’attacherai pas aux ressentis nés des contacts olfactifs ; ma conscience ne dépendra pas des ressentis nés des contacts olfactifs. Je ne m’attacherai pas aux ressentis nés des contacts gustatifs ; ma conscience ne dépendra pas des ressentis nés des contacts gustatifs. Je ne m’attacherai pas aux ressentis nés des contacts corporels ; ma conscience ne dépendra pas des ressentis nés des contacts corporels. Je ne m’attacherai pas aux ressentis nés des contacts mentaux ; ma conscience ne dépendra pas des ressentis nés des contacts mentaux. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas à l’élément terre ; ma conscience ne dépendra pas de l’élément terre. Je ne m’attacherai pas à l’élément eau ; ma conscience ne dépendra pas de l’élément eau. Je ne m’attacherai pas à l’élément feu ; ma conscience ne dépendra pas de l’élément feu. Je ne m’attacherai pas à l’élément air ; ma conscience ne dépendra pas de l’élément air. Je ne m’attacherai pas à l’élément espace ; ma conscience ne dépendra pas de l’élément espace. Je ne m’attacherai pas à l’élément conscience ; ma conscience ne dépendra pas de l’élément conscience. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas au corps ; ma conscience ne dépendra pas du corps. Je ne m’attacherai pas aux ressentis ; ma conscience ne dépendra pas des ressentis. Je ne m’attacherai pas aux perceptions ; ma conscience ne dépendra pas des perceptions. Je ne m’attacherai pas aux fabrications mentales ; ma conscience ne dépendra pas des fabrications mentales. Je ne m’attacherai pas à la conscience sensorielle ; ma conscience ne dépendra pas de la conscience sensorielle. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas à ce monde ; ma conscience ne dépendra pas de ce monde Je ne m’attacherai pas au monde de l’au-delà ; ma conscience ne dépendra pas du monde de l’au-delà. » Voilà comment tu dois t’entraîner.

Ensuite, tu devras t’entraîner ainsi : « Je ne m’attacherai pas à ce qui est vu, à ce qui est entendu, à ce qui est ressenti, à ce qui est connu, à ce qui est atteint, à ce qui est recherché, à ce qui est entretenu par le mental ; ma conscience ne dépendra pas de cela. » Voilà comment tu dois t’entraîner.


Pendant qu’il écoutait ces paroles, des larmes glissaient sur les joues d’Anathapindika. Ananda, croyant qu’il souffrait, s’en inquiéta mais le vieil homme répondit :


« Non, Vénérable, ce n’est pas cela. C’est juste que, même si cela fait de longues années que j’écoute les enseignements inspirants du Bouddha et de ses moines, jamais je n’ai entendu un tel discours. »
« Il est vrai que ces enseignements sont généralement réservés à la communauté monastique », répondit le Vénérable Sariputta.
« Dans ce cas, Vénérable, permettez que ce genre d’enseignement soit donné également aux laïcs. Certains d’entre nous n’ont que peu de poussière dans les yeux et nous dépérissons de ne pas entendre ce Dhamma. Certains pourront le comprendre. »