Mulapariyaya
Sutta (MN1)
La succession des Causes Racines
Traduit
par Jeanne Schut
Introduction de Thanissaro
Bhikkhu
Le Bouddha a enseigné que l’attachement aux opinions était l’une des
quatre formes d’attachement qui lie l’esprit aux processus de la souffrance. Il
a donc recommandé à ses disciples d’abandonner cet attachement mais pas
seulement sous sa forme aboutie de prises de position particulières ;
également sous sa forme rudimentaire, en tant que classifications et liens que
l’esprit imagine à partir d’une expérience donnée. C’est ce qu’il développe
dans ce discours, apparemment en réponse à une école de pensée brahmanique de
l’époque : les Samkhya ou « école des classifications ».
Cette école remonte à Uddalaka, philosophe du 9ème siècle
avant notre ère, qui avança la notion de « racine » : principe
abstrait d’où toutes choses émaneraient et qui serait immanent en toute chose.
Les philosophes qui poursuivirent cette ligne de pensée proposèrent plusieurs
théories basées sur la logique et l’expérience méditative, sur la nature de la
racine ultime et sur la hiérarchie de l’émanation. Nombre de ces théories se
retrouvent dans les Upanishad et elles finirent par se développer dans le
système officiel Samkhya, à l’époque du Bouddha.
Bien que le présent discours du Bouddha ne dise rien du passé de son
auditoire, le Commentaire dit qu’avant leur ordination, ces moines étaient des
brahmanes et que, même après leur ordination, ils continuaient à interpréter
les enseignements du Bouddha à la lumière de ce qu’ils avaient appris
auparavant — possiblement la doctrine samkhya. Dans ce cas, la phrase
d’ouverture du Bouddha — « Je vais vous enseigner la succession des causes
qui sont à la racine de tous les phénomènes » — a pu leur faire croire que
le Bouddha allait parler dans le même sens. Et, effectivement, la liste des 24
éléments qu’il cite est exactement celle que l’on retrouve chez les Samkhya.
Cette liste culmine avec la Libération (le nibbāna) qui, selon la pensée samkhya
représenterait la « racine » ultime ou base d’existence immanente en
toute chose et d’où tout émane.
Mais, au lieu de suivre cette ligne de pensée, le Bouddha l’attaque à
la racine : la notion d’un principe abstrait, le « dedans »
(immanence) et le « dehors » (émanation) surimposés à l’expérience
vécue. Seul un homme ordinaire et sans instruction, dit-il, interprèterait le
vécu de cette manière. Par contre, une personne qui veut s’instruire doit
rechercher une autre sorte de « racine » — la racine de la
souffrance dont on fait l’expérience dans l’instant — et voir que cette racine
se trouve dans l’attachement aux plaisirs. En apprenant à ne plus trouver aucun
intérêt à ces plaisirs, le disciple peut arriver à comprendre le processus du
devenir tel qu’il est réellement, cesser d’y prendre part et parvenir ainsi au
véritable Eveil.
Si les membres de l’auditoire du Bouddha, ce jour-là, espéraient
pouvoir faire entrer les enseignements bouddhistes dans un moule samkhya, il
n’est guère étonnant qu’ils en furent mécontents, comme il est dit à la fin du
Sutta. Mais le Commentaire ajoute que ces moines dépassèrent ensuite leur
mécontentement et finirent par atteindre l’Eveil en écoutant le discours
rapporté dans l’Anguttara Nikaya 3.123.
Bien que, de nos jours, nous pensions rarement dans les termes des
philosophes samkhya, il y a eu et il y a encore une tendance générale à créer
une « métaphysique bouddhique » dans laquelle il est dit que
l’expérience de la vacuité, de l’Inconditionné, du corps du Dharma, de la
nature du Bouddha, de rigpa, etc. est le fondement d’être d’où émerge « le
Tout » (l’ensemble de nos expériences sensorielles et mentales) et où nous
retournons quand nous méditons. Certains croient que ces théories sont inventées
par des érudits sans expérience directe de la méditation mais, en réalité,
elles viennent le plus souvent de méditants qui voient (ou, selon les termes du
Sutta « perçoivent ») une expérience méditative particulière comme le
but ultime, s’y identifient de manière subtile (comme quand on nous dit que
« nous sommes ce qui sait ») et puis considèrent ce niveau
d’expérience comme la base d’existence d’où apparaît toute autre expérience.
Tout enseignement qui suit cette ligne de pensée serait sujet aux mêmes
critiques que le Bouddha adressa aux moines qui entendirent ce discours pour la
première fois.
Ainsi ai-je entendu.
Un jour, alors que le Bouddha
résidait à Ukkattha, dans le parc Subhaga, au pied du grand arbre sala, il
appela les moines : « Moines ! »
« Oui, Vénérable », répondirent-ils.
Le Bouddha dit :
« Moines, je vais vous
enseigner la succession des causes qui sont à la racine de tous les phénomènes.
Ecoutez et soyez très attentifs, je parlerai. »
« Comme vous voudrez,
Vénérable », répondirent-ils.
Le Bouddha dit :
« Il se trouve, moines,
qu’un homme ordinaire sans instruction — qui n’a aucun égard pour les Etres
Nobles, qui n’est ni instruit ni entraîné dans le Dhamma ; qui n’a aucun
égard pour les Sages, qui n’est ni instruit ni entraîné dans leur Dhamma —
considère la terre[1]
comme de la terre. Considérant la terre ainsi, il conçoit des choses à propos
de la terre, il conçoit des choses dans la terre, il conçoit des choses sortant
de la terre, il conçoit la terre comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère l’eau comme de
l’eau. Considérant l’eau ainsi, il conçoit des choses à propos de l’eau, il
conçoit des choses dans l’eau, il conçoit des choses sortant de l’eau, il
conçoit l’eau comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère le feu comme du feu.
Considérant le feu ainsi, il conçoit des choses à propos du feu, il conçoit des
choses dans le feu, il conçoit des choses sortant du feu, il conçoit le feu
comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère l’air comme de
l’air. Considérant l’air ainsi, il conçoit des choses à propos de l’air, il
conçoit des choses dans l’air, il conçoit des choses sortant de l’air, il
conçoit l’air comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère les êtres[2]
comme des êtres. Considérant les êtres ainsi, il conçoit des choses à propos
des êtres, il conçoit des choses dans les êtres, il conçoit des choses sortant
des êtres, il conçoit les êtres comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère les déités comme des
déités. Considérant les déités ainsi, il conçoit des choses à propos des
déités, il conçoit des choses dans les déités, il conçoit des choses sortant
des déités, il conçoit les déités comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère Pajapati comme Pajapati.
Considérant Pajapati ainsi, il conçoit des choses à propos de Pajapati, il
conçoit des choses dans Pajapati, il conçoit des choses sortant de Pajapati, il
conçoit Pajapati comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère Brahma comme Brahma.
Considérant Brahma ainsi, il conçoit des choses à propos de Brahma, il conçoit
des choses dans Brahma, il conçoit des choses sortant de Brahma, il conçoit
Brahma comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère les dieux lumineux
comme des dieux lumineux. Considérant les dieux lumineux ainsi, il conçoit des
choses à propos des dieux lumineux, il conçoit des choses dans les dieux
lumineux, il conçoit des choses sortant des dieux lumineux, il conçoit les
dieux lumineux comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère les dieux
resplendissants comme des dieux resplendissants. Considérant les dieux
resplendissants ainsi, il conçoit des choses à propos des dieux
resplendissants, il conçoit des choses dans les dieux resplendissants, il
conçoit des choses sortant des dieux resplendissants, il conçoit les dieux resplendissants
comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère les dieux des fruits
abondants comme des dieux des fruits abondants. Considérant les dieux des
fruits abondants ainsi, il conçoit des choses à propos des dieux des fruits
abondants, il conçoit des choses dans les dieux des fruits abondants, il
conçoit des choses sortant des dieux des fruits abondants, il conçoit les dieux
des fruits abondants comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère le Grand Etre comme un
Grand Etre. Considérant le Grand Etre ainsi, il conçoit des choses à propos du
Grand Etre, il conçoit des choses dans le Grand Etre, il conçoit des choses
sortant du Grand Etre, il conçoit le Grand Etre comme lui appartenant et il
s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère la sphère de l’espace
illimité[3]
comme sphère de l’espace illimité. Considérant la sphère de l’espace illimité
ainsi, il conçoit des choses à propos de la sphère de l’espace illimité, il
conçoit des choses dans la sphère de l’espace illimité, il conçoit des choses
sortant de la sphère de l’espace illimité, il conçoit la sphère de l’espace
illimité comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère la sphère de la
conscience illimitée comme sphère de la conscience illimitée. Considérant la
sphère de la conscience illimitée ainsi, il conçoit des choses à propos de la
sphère de la conscience illimitée, il conçoit des choses dans la sphère de la
conscience illimitée, il conçoit des choses sortant de la sphère de la
conscience illimitée, il conçoit la sphère de la conscience illimitée comme lui
appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère la sphère de la
vacuité comme sphère de la vacuité. Considérant la sphère de la vacuité ainsi,
il conçoit des choses à propos de la sphère de la vacuité, il conçoit des
choses dans la sphère de la vacuité, il conçoit des choses sortant de la sphère
de la vacuité, il conçoit la sphère de la vacuité comme lui appartenant et il
s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère la sphère de ni-perception-ni-non-perception
comme sphère de ni-perception-ni-non-perception. Considérant la sphère de ni-perception-ni-non-perception
ainsi, il conçoit des choses à propos de la sphère de
ni-perception-ni-non-perception, il conçoit des choses dans la sphère de
ni-perception-ni-non-perception, il conçoit des choses sortant de la sphère de
ni-perception-ni-non-perception, il conçoit la sphère de
ni-perception-ni-non-perception comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère ce qui est vu comme
ce qui est vu[4].
Considérant ce qui est vu ainsi, il conçoit des choses à propos de ce qui est
vu, il conçoit des choses dans ce qui est vu, il conçoit des choses sortant de
ce qui est vu, il conçoit ce qui est vu comme lui appartenant et il s’en
réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère ce qui est entendu
comme ce qui est entendu. Considérant ce qui est entendu ainsi, il conçoit des
choses à propos de ce qui est entendu, il conçoit des choses dans ce qui est
entendu, il conçoit des choses sortant de ce qui est entendu, il conçoit ce qui
est entendu comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère ce qui est ressenti
comme ce qui est ressenti. Considérant ce qui est ressenti ainsi, il conçoit
des choses à propos de ce qui est ressenti, il conçoit des choses dans ce qui
est ressenti, il conçoit des choses sortant de ce qui est ressenti, il conçoit
ce qui est ressenti comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère ce qui est connu
comme ce qui est connu. Considérant ce qui est connu ainsi, il conçoit des
choses à propos de ce qui est connu, il conçoit des choses dans ce qui est
connu, il conçoit des choses sortant de ce qui est connu, il conçoit ce qui est
connu comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère l’unité[5]
comme l’unité. Considérant l’unité ainsi, il conçoit des choses à propos de
l’unité, il conçoit des choses dans l’unité, il conçoit des choses sortant de
l’unité, il conçoit l’unité comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère la multiplicité
comme multiplicité. Considérant la multiplicité ainsi, il conçoit des choses à
propos de la multiplicité, il conçoit des choses dans la multiplicité, il
conçoit des choses sortant de la multiplicité, il conçoit la multiplicité comme
lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère le Tout[6]comme le Tout. Considérant le Tout ainsi, il conçoit des choses à propos du
Tout, il conçoit des choses dans le Tout, il conçoit des choses sortant du
Tout, il conçoit le Tout comme lui appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Il considère la Libération[7]
comme la Libération. Considérant la Libération ainsi, il conçoit des choses à
propos de la Libération, il conçoit des choses dans la Libération, il conçoit
des choses sortant de la Libération, il conçoit la Libération comme lui
appartenant et il s’en réjouit.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
n’en a pas une juste compréhension, je vous le dis.
Le moine en formation
Un moine qui s’entraîne, aspirant
à l’émancipation suprême mais non encore parvenu à ce stade, a une connaissance
directe de la terre comme étant la terre. Ayant cette connaissance directe de
la terre comme la terre, qu’il veille à ne pas concevoir des choses à propos de
la terre, à ne pas concevoir des choses dans la terre, à ne pas concevoir des
choses sortant de la terre, à ne pas concevoir la terre comme lui appartenant
et à ne pas s’en réjouir.
Pourquoi cela ? Pour qu’il
puisse parvenir à une juste compréhension, je vous le dis.
Il a une connaissance directe de
l’eau ……..
Il a une connaissance directe du feu
……..
Il a une connaissance directe de l’air
……..
Il a une connaissance directe des
êtres ……..
Il a une connaissance directe des
déités ……..
Il a une connaissance directe de Pajapati
……..
Il a une connaissance directe de Brahma
……..
Il a une connaissance directe des
dieux lumineux ……..
Il a une connaissance directe des
dieux resplendissants ……..
Il a une connaissance directe des
dieux des fruits abondants ……..
Il a une connaissance directe du
Grand Etre ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de l’espace illimité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la conscience illimitée ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la vacuité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de ni-perception-ni-non-perception ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est vu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est entendu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est ressenti ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est connu ……..
Il a une connaissance directe de l’unité
……..
Il a une connaissance directe de la
multiplicité ……..
Il a une connaissance directe du
Tout ……..
Il a une connaissance directe de
la Libération comme la Libération. Ayant cette connaissance directe de la Libération
comme la Libération, qu’il veille à ne pas concevoir des choses à propos de la
Libération, à ne pas concevoir des choses dans la Libération, à ne pas
concevoir des choses sortant de la Libération, à ne pas concevoir la Libération
comme lui appartenant et à ne pas s’en réjouir.
Pourquoi cela ? Pour qu’il
puisse parvenir à une juste compréhension, je vous le dis.
L’Arahant
Un noble moine, un
Arahant, libre
de toute pollution mentale, qui a atteint le bout du Sentier, a
accompli ce qui
doit être accompli, a déposé son fardeau, est
arrivé au but suprême, a détruit l’emprise
du devenir et est libéré par la réalisation
parfaite — un tel noble moine
a lui aussi une connaissance directe de la terre comme étant la
terre mais,
ayant cette connaissance directe de la terre, il ne conçoit pas
des choses à
propos de la terre, il ne conçoit pas des choses dans la terre,
il ne conçoit
pas des choses sortant de la terre, il ne conçoit pas la terre
comme lui
appartenant et il ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? A cause de
sa juste compréhension, je vous le dis.
Il a une connaissance directe de
l’eau ……..
Il a une connaissance directe du feu
……..
Il a une connaissance directe de l’air
……..
Il a une connaissance directe des
êtres ……..
Il a une connaissance directe des
déités ……..
Il a une connaissance directe de Pajapati
……..
Il a une connaissance directe de Brahma
……..
Il a une connaissance directe des
dieux lumineux ……..
Il a une connaissance directe des
dieux resplendissants ……..
Il a une connaissance directe des
dieux des fruits abondants ……..
Il a une connaissance directe du
Grand Etre ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de l’espace illimité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la conscience illimitée ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la vacuité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de ni-perception-ni-non-perception ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est vu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est entendu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est ressenti ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est connu ……..
Il a une connaissance directe de l’unité
……..
Il a une connaissance directe de la
multiplicité ……..
Il a une connaissance directe du
Tout ……..
Il a une connaissance directe de
la Libération comme la Libération. Ayant cette connaissance directe de la
Libération, il ne conçoit pas des choses à propos de la Libération, il ne
conçoit pas des choses dans la Libération, il ne conçoit pas des choses sortant
de la Libération, il ne conçoit pas la Libération comme lui appartenant et il
ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? A cause de
sa juste compréhension, je vous le dis.
Un noble moine, un Arahant libre
de toute pollution mentale, qui a atteint le bout du Sentier, a accompli ce qui
doit être accompli, a déposé son fardeau, est arrivé au but suprême, a détruit
l’emprise du devenir et est libéré par la réalisation parfaite — un tel noble
moine a une connaissance directe de la terre comme étant la terre, il ne
conçoit pas des choses à propos de la terre, il ne conçoit pas des choses dans
la terre, il ne conçoit pas des choses sortant de la terre, il ne conçoit pas
la terre comme lui appartenant et il ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que,
ayant mis fin à la convoitise, il est libre de toute convoitise, je vous le
dis.
Il a une connaissance directe de
l’eau ……..
Il a une connaissance directe du feu
……..
Il a une connaissance directe de l’air
……..
Il a une connaissance directe des
êtres ……..
Il a une connaissance directe des
déités ……..
Il a une connaissance directe de Pajapati
……..
Il a une connaissance directe de Brahma
……..
Il a une connaissance directe des
dieux lumineux ……..
Il a une connaissance directe des
dieux resplendissants ……..
Il a une connaissance directe des
dieux des fruits abondants ……..
Il a une connaissance directe du
Grand Etre ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de l’espace illimité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la conscience illimitée ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la vacuité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de ni-perception-ni-non-perception ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est vu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est entendu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est ressenti ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est connu ……..
Il a une connaissance directe de l’unité
……..
Il a une connaissance directe de la
multiplicité ……..
Il a une connaissance directe du
Tout ……..
Il a une connaissance directe de
la Libération comme la Libération. Ayant cette connaissance directe de la
Libération, il ne conçoit pas des choses à propos de la Libération, il ne
conçoit pas des choses dans la Libération, il ne conçoit pas des choses sortant
de la Libération, il ne conçoit pas la Libération comme lui appartenant et il
ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que,
ayant mis fin à la convoitise, il est libre de toute convoitise[8],
je vous le dis.
Un noble moine, un Arahant libre
de toute pollution mentale, qui a atteint le bout du Sentier, a accompli ce qui
doit être accompli, a déposé son fardeau, est arrivé au but suprême, a détruit
l’emprise du devenir et est libéré par la réalisation parfaite — un tel noble
moine a une connaissance directe de la terre comme étant la terre, il ne
conçoit pas des choses à propos de la terre, il ne conçoit pas des choses dans
la terre, il ne conçoit pas des choses sortant de la terre, il ne conçoit pas
la terre comme lui appartenant et il ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que,
ayant mis fin à la haine, il est libre de toute haine, je vous le dis.
Il a une connaissance directe de
l’eau ……..
Il a une connaissance directe du feu
……..
Il a une connaissance directe de l’air
……..
Il a une connaissance directe des
êtres ……..
Il a une connaissance directe des
déités ……..
Il a une connaissance directe de Pajapati
……..
Il a une connaissance directe de Brahma
……..
Il a une connaissance directe des
dieux lumineux ……..
Il a une connaissance directe des
dieux resplendissants ……..
Il a une connaissance directe des
dieux des fruits abondants ……..
Il a une connaissance directe du
Grand Etre ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de l’espace illimité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la conscience illimitée ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la vacuité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de ni-perception-ni-non-perception ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est vu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est entendu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est ressenti ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est connu ……..
Il a une connaissance directe de l’unité
……..
Il a une connaissance directe de la
multiplicité ……..
Il a une connaissance directe du
Tout ……..
Il a une connaissance directe de
la Libération comme la Libération. Ayant cette connaissance directe de la
Libération, il ne conçoit pas des choses à propos de la Libération, il ne
conçoit pas des choses dans la Libération, il ne conçoit pas des choses sortant
de la Libération, il ne conçoit pas la Libération comme lui appartenant et il
ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que,
ayant mis fin à la haine, il est libre de toute haine, je vous le dis.
Un noble moine, un Arahant libre
de toute pollution mentale, qui a atteint le bout du Sentier, a accompli ce qui
doit être accompli, a déposé son fardeau, est arrivé au but suprême, a détruit
l’emprise du devenir et est libéré par la réalisation parfaite — un tel noble
moine a une connaissance directe de la terre comme étant la terre, il ne
conçoit pas des choses à propos de la terre, il ne conçoit pas des choses dans
la terre, il ne conçoit pas des choses sortant de la terre, il ne conçoit pas
la terre comme lui appartenant et il ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que,
ayant mis fin à l’ignorance, il est libre de toute ignorance, je vous le dis.
Il a une connaissance directe de
l’eau ……..
Il a une connaissance directe du feu
……..
Il a une connaissance directe de l’air
……..
Il a une connaissance directe des
êtres ……..
Il a une connaissance directe des
déités ……..
Il a une connaissance directe de Pajapati
……..
Il a une connaissance directe de Brahma
……..
Il a une connaissance directe des
dieux lumineux ……..
Il a une connaissance directe des
dieux resplendissants ……..
Il a une connaissance directe des
dieux des fruits abondants ……..
Il a une connaissance directe du
Grand Etre ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de l’espace illimité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la conscience illimitée ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la vacuité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de ni-perception-ni-non-perception ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est vu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est entendu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est ressenti ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est connu ……..
Il a une connaissance directe de l’unité
……..
Il a une connaissance directe de la
multiplicité ……..
Il a une connaissance directe du
Tout ……..
Il a une connaissance directe de
la Libération comme la Libération. Ayant cette connaissance directe de la
Libération, il ne conçoit pas des choses à propos de la Libération, il ne
conçoit pas des choses dans la Libération, il ne conçoit pas des choses sortant
de la Libération, il ne conçoit pas la Libération comme lui appartenant et il
ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que,
ayant mis fin à l’ignorance, il est libre de toute ignorance, je vous le dis.
Le Tathāgata
Le Tathāgata[9],
l’Arahant pleinement éveillé par lui-même, a une connaissance directe de la terre
comme la terre mais, ayant cette connaissance directe de la terre, il ne
conçoit pas des choses à propos de la terre, il ne conçoit pas des choses dans
la terre, il ne conçoit pas des choses sortant de la terre, il ne conçoit pas
la terre comme lui appartenant et il ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que sa
compréhension a atteint la perfection, je vous le dis.
Il a une connaissance directe de
l’eau ……..
Il a une connaissance directe du feu
……..
Il a une connaissance directe de l’air
……..
Il a une connaissance directe des
êtres ……..
Il a une connaissance directe des
déités ……..
Il a une connaissance directe de Pajapati
……..
Il a une connaissance directe de Brahma
……..
Il a une connaissance directe des
dieux lumineux ……..
Il a une connaissance directe des
dieux resplendissants ……..
Il a une connaissance directe des
dieux des fruits abondants ……..
Il a une connaissance directe du
Grand Etre ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de l’espace illimité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la conscience illimitée ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la vacuité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de ni-perception-ni-non-perception ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est vu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est entendu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est ressenti ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est connu ……..
Il a une connaissance directe de l’unité
……..
Il a une connaissance directe de la
multiplicité ……..
Il a une connaissance directe du
Tout ……..
Il a une connaissance directe de
la Libération comme la Libération. Ayant cette connaissance directe de la
Libération, il ne conçoit pas des choses à propos de la Libération, il ne
conçoit pas des choses dans la Libération, il ne conçoit pas des choses sortant
de la Libération, il ne conçoit pas la Libération comme lui appartenant et il
ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce que sa
compréhension a atteint la perfection, je vous le dis.
Le Tathāgata, l’Arahant
pleinement éveillé par lui-même, a une connaissance directe de la terre comme
la terre mais, ayant cette connaissance directe de la terre, il ne conçoit pas
des choses à propos de la terre, il ne conçoit pas des choses dans la terre, il
ne conçoit pas des choses sortant de la terre, il ne conçoit pas la terre comme
lui appartenant et il ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
a compris : « L’attachement est la racine de la souffrance, le
devenir mène à la naissance et, pour celui qui est né, la vieillesse et la
mort s’ensuivent inévitablement. »
C’est pourquoi, moines, en
mettant fin à la convoitise par le renoncement, l’abandon et l’extinction du
désir, le Tathāgata est parvenu par lui-même à l’Eveil suprême, je vous le dis.
Il a une connaissance directe de
l’eau ……..
Il a une connaissance directe du feu
……..
Il a une connaissance directe de l’air
……..
Il a une connaissance directe des
êtres ……..
Il a une connaissance directe des
déités ……..
Il a une connaissance directe de Pajapati
……..
Il a une connaissance directe de Brahma
……..
Il a une connaissance directe des
dieux lumineux ……..
Il a une connaissance directe des
dieux resplendissants ……..
Il a une connaissance directe des
dieux des fruits abondants ……..
Il a une connaissance directe du
Grand Etre ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de l’espace illimité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la conscience illimitée ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de la vacuité ……..
Il a une connaissance directe de la
sphère de ni-perception-ni-non-perception ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est vu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est entendu ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est ressenti ……..
Il a une connaissance directe de ce
qui est connu ……..
Il a une connaissance directe de l’unité
……..
Il a une connaissance directe de la
multiplicité ……..
Il a une connaissance directe du
Tout ……..
Il a une connaissance directe de
la Libération comme la Libération. Ayant cette connaissance directe de la
Libération, il ne conçoit pas des choses à propos de la Libération, il ne
conçoit pas des choses dans la Libération, il ne conçoit pas des choses sortant
de la Libération, il ne conçoit pas la Libération comme lui appartenant et il
ne s’en réjouit pas.
Pourquoi cela ? Parce qu’il
a compris : « L’attachement est la racine de la souffrance, le
devenir mène à la naissance et, pour celui qui est né, la vieillesse et la
mort s’ensuivent inévitablement. »
C’est pourquoi, moines, en
mettant fin à la convoitise par le renoncement, l’abandon et l’extinction du
désir, le Tathāgata est parvenu par lui-même à l’Eveil suprême, je vous le dis.
Ainsi parla le Bouddha.
Mais les moines ne se réjouirent
pas de ses paroles[10].
[1]
La terre, l’eau, le feu et l’air sont les quatre éléments qui incluent
l’ensemble de l’expérience de la forme corporelle.
[2]
Dans cette section, de la liste, « les êtres » désignent tout être
vivant en-dessous du niveau des divinités. Les « déités » désignent
les êtres qui se trouvent dans les paradis des plaisirs sensoriels. Les autres
termes — Pajapati, Brahma, les dieux lumineux, les dieux resplendissants, les
dieux des fruits abondants et le Grand Etre — désignent des déités dans les
paradis de la forme et du sans-forme.
[3]
La sphère de l’espace illimité, la sphère de la conscience illimitée, la sphère
de la vacuité et la sphère de ni-perception-ni-non-perception sont quatre états
« sans forme » que l’on peut atteindre par la pratique de la
concentration.
[4]
« Ce qui est vu, ce qui est entendu, ce qui est ressenti et ce qui est
connu » : série de termes qui recouvrent tout ce dont on peut faire
l’expérience par les sens.
[5]
L’unité : expérience que l’on fait dans des états de concentration intense
(jhana). La multiplicité : expérience
qui passe par les six sens.
[6]
« Qu’est-ce que le Tout ? Simplement l’œil et les formes, l’oreille
et les sons, le nez et les odeurs, la langue et les saveurs, le corps et les
contacts, l’intellect et les idées. Voilà ce que l’on appelle le Tout.
Quiconque dirait : ‘Je réfute ce Tout, je vais en décrire un autre’ serait
incapable, si on lui posait la question, d’expliquer précisément les raisons de
son affirmation et, de plus, en serait malheureux. Pourquoi ? Parce c’est hors
de portée. » SN 35.23
[7]
La Libération ou nibbāna en pali, nirvana en sanscrit.
[8]
La convoitise ou l’attachement (lobha)
qui, avec l’aversion ou la haine (dosa)
et l’ignorance ou l’illusion (moha), sont appelées les trois racines du
mal.
[9]
Nom que le Bouddha s’attribua lui-même et signifiant « Celui qui s’en est
allé » (vers la Vérité).
[10]
Ce discours est le seul à se terminer de cette manière. Tous les autres Sutta
se terminent, au contraire, sur des paroles comme : « Les moines
ravis se réjouirent des paroles du Bouddha. » (Voir l’introduction pour
mieux comprendre la réaction de ces moines.)